La côte et son immédiat arrière-pays se distinguent par des caractéristiques géomorphologiques particulières : impression d’immensité de la baie du Mont Saint-Michel et des marais littoraux qui la prolongent, ria de la Rance aux caractères à la fois marins et fluviaux remontant profondément dans les terres, alternance de pointes, de plages et de sites originaux de la côte d’Émeraude.
Les différences sont également nettes entre les entités formées par la côte d’Émeraude et son arrière pays d’une part, et la Baie et ses marais d’autre part.
Les importants marnages (jusqu’à 14 m aux plus fortes marées) n’y ont pas les mêmes traductions paysagères, exacerbés horizontalement dans la baie du Mont Saint-Michel, plus apprivoisés à Dinard ou Saint-Malo.
Les sites complexes de la Rance et de la côte d’Emeraude
A l’ouest de Cancale, les reliefs en partie dirigés par les alignements tectoniques, soit SO-NE (axe de la pointe du Grouin jusqu’à Grandville), soit NO-SE (cours d’eau), caractérisent le littoral urbanisé et l’embouchure de la Rance. Malgré l’ancienneté des roches en présence, les formes côtières sont assez vives, soutenues par l’alternance de roches incluant des éléments métamorphiques et granitiques soumises aux dynamiques littorales. Plages et pointes rocheuses alternent en contrebas d’un plateau moins original dans sa constitution « briovérienne » que dans son occupation du sol influencée par la douceur climatique (cultures légumières) et la pression urbaine (tourisme) littorales.
Ce paysage typique se déroule entre Saint-Malo et la pointe du Grouin : alternance de plages de sable et de pointes rocheuses, landes sur les versants jusqu’au plateau cultivé. La faible altitude du plateau permet aux plages d’être peu encaissées et donne une ambiance assez douce, renforcée par la faible extension du platier rocheux.
La ria de la Rance, où les eaux du fleuve se mêlent aux eaux salées, voit son niveau varier au gré des marées dont l'amplitude (troisième plus forte du monde) a permis l'installation d'une centrale électrique marée-motrice. L'évolution géomorphologique complexe est à l'origine de la forme variable de la vallée qui se rétrécit par endroit en formant des versants raides, s'étalant plus largement dans les secteurs de moindre altitude. Et les marais n'étant pas loin, la Rance débordait sans doute, en rive droite au niveau de la Ville-es-Nonais, durant certains inter-glaciaires du Quaternaire, pour rejoindre la mer à proximité de Saint-Benoît-des-Ondes, via Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine, faisant ainsi du Clos-Poulet une presqu'île.
La Rance entaille le plateau en profitant d’une faille NO-SE perpendiculaire aux principales structures affectant les roches métamorphiques (migmatites). L’estuaire se resserre ou s'élargit en fonction des différences lithologiques recoupées et des formes héritées des périodes géologiques où la Rance suivait des tracés différents.
La baie du Mont Saint-Michel et les marais, une plaine unique
La Baie correspond à une dépression du substrat schisteux briovérien formant un golfe qui a été comblé par des sédiments quaternaires au gré des variations du niveau de la mer lors des grandes glaciations et des grandes marées. Ce comblement a été poursuivi, aux temps historiques, par les différents aménagements qui y ont été entrepris : digues et aménagements hydrauliques divers, poldérisation.
Vaste étendue plate, elle est célébrée pour l’importance des surfaces qui se découvrent à marée basse et, plus encore, par la présence de quelques petites buttes (le mont Saint-Michel et Tombelaine en Normandie, et le mont Dol en Ille-et-Vilaine) qui correspondent à de petits plutons de leucogranites.
Ces plutons dessinent des pointements très perceptibles sur l’étendue plate malgré leurs dimensions réduites (moins de 100 m de haut et quelques centaines de mètres de diamètre).
Les petits plutons granitiques tels que le mont Saint-Michel, le mont Dol ou Tombelaine sont un peu plus récents que les grands batholites situés à proximité de la baie. Leur intérêt paysager résulte de leur position au milieu d’étendues particulièrement plates.
Au Quaternaire et durant la période historique, les variations de quelques mètres du niveau de la mer ont fait alterner les périodes d’assèchement et de recouvrement du marais par l’eau. Aujourd’hui, ce passé est encore lisible comme ici : champs cultivés dans les parties les plus hautes au premier plan, prairies et peupleraies dans les parties les plus basses, en arrière plan.
A l’intérieur des digues, les polders sont à la même altitude que les herbus et ne doivent leur aspect différent qu’à l’intervention humaine (protection et drainage) permettant leur mise en culture.