Aux sources de nombreuses rivières, sur la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et la Manche, les Collines de Saint-Aubin-d’Aubigné offrent une succession de paysages resserrés faits de bassins cultivés, de sommets très boisés, ponctués de bourgs sommitaux et d’étangs.
Limites et voisinages
Etirée au nord-est de Rennes, l’unité paysagère des Collines de Saint-Aubin-d’Aubigné est définie par la forme de ses reliefs et la présence de nombreux bois et forêts. La plupart des limites sont peu sensibles. La bordure ouest correspond à la vallée de l’Ille et au canal de jonction entre l’Ille et la Rance caractérisés par des paysages moins boisés. Au nord, la ligne de partage des eaux entre le bassin versant de la Vilaine et les fleuves côtiers tournés vers la baie du Mont Saint-Michel détermine un basculement vis à vis du Bassin de Combourg, dominé par les coteaux. Plus à l’est, la transition avec la vallée du Couesnon est le plus souvent progressive mais devient plus nette au niveau de Saint-Aubin-du-Cormier où le plateau domine assez nettement le bassin de Fougères. Vers l’est, le raccordement au Plateau de Vitré, aux reliefs comparables, est progressif et correspond à une raréfaction des forêts et des haies. Du côté de Rennes, en revanche, la forêt de Rennes crée un seuil très lisible en soulignant la limite du plateau au-dessus du bassin de Rennes, fortement urbanisé.
Le socle naturel : une structure de collines, de forêts et de plans d’eau
La présence conjointe des reliefs assez marqués, des bois et des étangs, et la combinaison de ces composantes entre elles confèrent à l’unité un caractère « naturel » affirmé. Les forêts occupent de nombreuses positions de sommets. Leur concentration détermine le caractère de cette unité dont elles marquent fortement l’ambiance. En forme de plateau allongé, bosselé de légères collines, l’unité présente des caractères différents entre les parties Nord-Ouest et Sud-Est. Dans la première, aux abords de Dingé, le plateau boisé s’imprègne de la proximité de la ligne de partage des eaux entre Manche et océan Atlantique qui s’exprime dans la modestie des cours d’eau, affluents de l’Ille et de la Vilaine proches de leur source, peu encaissés. Dans la partie Sud-Est, plus étendue, le réseau hydrographique a tiré parti de conditions géologiques particulièrement diversifiées pour modeler la surface en grandes ondulations. Il en résulte une forme de succession dynamique de sommets et de bassins légèrement marqués, structure à laquelle s’ajoutent les forêts et les étangs.
Motifs et structures du paysage
Une succession de paysages aux horizons boisés
L’unité de paysage n’offre pas de vastes panoramas, mais la combinaison des reliefs de collines et des boisements compose un paysage que l’on découvre par petites unités successives de vallons et de clairières, fermées à la fois par les masses forestières et par l’horizon des reliefs eux-mêmes boisés. A cette échelle assez resserrée de perception s’ajoute celle, plus proche encore de l’observateur, des ambiances forestières elles-mêmes, composant dans l’ensemble une unité aux paysages assez intimes.
Entre les forêts, l’unité est constituée de « poches » de paysages ruraux qui se distinguent par la densité de la maille bocagère.
C’est principalement la forte présence de forêts qui a déterminé l’identification de l’unité de paysage des Collines de Saint-Aubin-d’Aubigné. Nombreuses et étendues, elles constituent, si l’on exclue la forêt de Paimpont, l’ensemble forestier le plus vaste du département. Ces forêts donnent au paysage de l’unité des lisières et des horizons boisés. Elles constituent aussi des paysages en soi que les routes traversent et dont on peut profiter lors de promenades. Mais ces paysages sont surtout « intérieurs », car la forêt est une masse, une matière que l’on pénètre et dont les éléments sont ressentis intimement et de manière dynamique lorsque l’on s’y déplace. La forêt est aussi un espace dépourvu de repères, répétitif, où les lieux sont rarement caractérisés… Les forêts et leurs ambiances qui dégagent un fort sentiment de nature sont appréciées par les populations urbaines proches. Cela nécessite, pour faciliter et contrôler leur accès, des aménagements spécifiques (stationnements, balisages). La forêt de Rennes, traversée par l’A84, constitue ainsi pour l’agglomération une « limite paysagère » lisible, identifiable, qui voisine directement l’agglomération et lui apporte un horizon naturel, voire sauvage, en opposition et complémentarité avec les ambiances urbaines.
Les étangs, fédérateurs de paysages
Outre les reliefs et les forêts, l’unité se caractérise par la présence de très nombreux étangs dont certains composent, au contact des forêts, des paysages d’une grande intensité naturelle. Certains comme celui de Boulet ont été aménagés pour la détente.
Le plan d’eau lumineux s’inscrit dans le massif de Bourgouët : l’étang et la forêt créent ensemble un paysage qui joue des contrastes entre les matières et des effets de lisière. Ces effets créent ici le cadre du premier plan et limitent l’étang à l’arrière-plan.
Les rivières, discrètes
Les ruisseaux sont nombreux, notamment vers Dingé, à l’approche du dispositif d’alimentation du canal d’Ille-et-Rance, et à proximité de toutes les localités. Alors que les vallées peuvent être sensibles, les rivières et ruisseaux restent peu accessibles et peu visibles.
Juste à côté, un autre ruisseau est caché, enfoui à la fois dans un fossé et dans la végétation arborée qui le borde.
Des bourgs à proximité des sources
De nombreux cours d’eau prennent leur origine dans l’unité située en limite de bassin versant. La plupart des localités sont implantées dans ces secteurs de sources, sur de légers sommets, au sein des secteurs cultivés, rarement proches des forêts. Le réseau des routes, organisé en étoile autour des églises, crée parfois des effets de perspectives donnant sur les clochers quand les dégagements le permettent. Autour des centres bourgs se développent en général des auréoles d’habitat pavillonnaire, soit en lotissement, soit en mitage linéaire le long des voies. Dingé, Feins, Sens-de-Bretagne, Gahard, Saint-Aubin-d’Aubigné, Gosné, Livré-sur-Changeon sont constitués peu ou prou selon ce schéma, avec des variantes d’échelle et de position.
Des exceptions
Ercé-près-Liffré occupe une position plus originale, à proximité de l’Illet. Saint-Aubin-du-Cormier présente également une structure différente. Le site d’implantation est à l’exact rebord du plateau, site stratégique au-dessus du Bassin de Fougères ayant motivé l’implantation du château médiéval. La ville ne s’est pas développée en auréole, mais uniquement vers le sud-ouest, ménageant sur les autres faces un contact direct du centre ancien avec le cadre agro-naturel. Liffré est plus proche de la forêt, mais en est coupé par le passage de l’A84 au nord-ouest. Le bourg s’est développé au sud-est sous la forme de lotissements et de mitage linéaire le long des voies. A La Bouëxière, le développement est marqué par un mitage plus important à l’ouest, à proximité des établissements de santé.
La position du bourg sur un léger sommet, le tracé des routes en étoile compose des paysages bien structurés : le village domine le paysage agro-naturel, le clocher en marque la position et vient en perspective accentuer la perception du site depuis la route.
Une séquence de seuil pour de nombreuses voies
Deux routes importantes et une ligne SNCF traversent l’unité du sud au nord. L’autoroute A84 qui relie Rennes à Caen, la route départementale 175, Rennes à Pontorson et la ligne SNCF Rennes-Saint-Malo proposent à leurs usagers une séquence dynamique de paysages constituée de seuils successifs et d’horizons boisés. L’A84 traverse et coupe en deux la forêt de Rennes. Sur cet axe très fréquenté, la forêt forme un seuil très net pour l’agglomération et lui offre un remarquable horizon naturel, proche et lisible, mais légèrement à distance. La RD 175 traverse les bois d’Andouillé-Neuville. A proximité des grandes routes, les localités se sont parfois beaucoup transformées : Liffré, Saint-Aubin-du-Cormier le long de l’A84, Saint-Aubin-d’Aubigné et Sens-de-Bretagne sous l’influence de la RD 175.