Le plateau qui apparaît comme une succession de petits vallons, porte un paysage rural bocager où les pâturages sont très présents. Le site stratégique de Vitré y reste bien lisible, mais ses extensions récentes marquées par l’activité dialoguent trop peu avec le cadre agro-naturel.
Limites et voisinages
Pour l’essentiel, le Plateau de Vitré se distingue des unités voisines par des différences morphologiques, qui accompagnent des changements géologiques et pédologiques mais se manifestent de manière progressive dans le paysage. Au sud, le Plateau de Vitré a pour voisine la Plaine de Janzé - La Guerche-de-Bretagne qui appartient à la dépression du bassin de Rennes. Au nord-ouest, le passage vers le bassin de Fougères, parfois souligné par un basculement assez net vers la dépression, s’appuie sur la ligne partage des eaux entre les bassins du Couesnon et de la Vilaine. Au nord-est, les Hauteurs des marches de Bretagne bornent l’horizon. A l’Est, l’unité se prolonge vers le département de la Mayenne, avec un seuil situé à l’est de la limite départementale qui correspond à la limite du bassin versant de la Vilaine et de la Mayenne. A l’ouest, c’est la présence des forêts qui vient distinguer, sur un relief comparable, les Collines de Saint-Aubin-d’Aubigné.
Socle naturel
Légèrement incliné entre les Hauteurs des Marches de Bretagne et la vallée de la Vilaine, le plateau présente surtout des reliefs en creux, formés par les vallées qui le strient du nord-est vers le sud-ouest. Entre les bassins schisteux briovériens de Rennes et de Fougères, ces ondulations appartiennent à un domaine plissé et faillé (Cisaillement Nord-Armoricain) où les grès sont assez fréquents, agrémenté de quelques intrusions, granitiques notamment. Les paysages de cette zone de broyage surprennent parfois par des dénivelés importants. La proximité des Hauteurs des marches de Bretagne est sensible, comme horizon et comme limite de bassin versant : les cours d’eau prennent leur naissance sur le plateau lui-même ou à proximité, et de nombreux plans d’eau occupent les vallées. La forêt du Pertre qui occupe une partie d’un massif granitique assez élevé apporte à l’unité paysagère un grand motif boisé.
Motifs et structures du paysage
Entre deux vallées non visibles, le relief du plateau est ici peu accusé. La faible densité des arbres de ce parcellaire remembré permet un important dégagement visuel. Il met en valeur à la fois la verticalité des éoliennes de la centrale de Balazé et l’horizon des hauteurs des marches de Bretagne
La coupe met en évidence la structure vitréenne : la ville occupe la rive gauche de la Vilaine qu’elle surplombe, tandis que sur la rive droite s’étendent les paysages agro-naturels. L’irrégularité du relief du plateau apparaît nettement.
Le site surélevé de la forêt du Pertre, qui occupe une partie d’un petit plateau granitique, vient ponctuer le plateau au sud-est. Tandis qu’au nord de la Vilaine, les reliefs sont de plus en plus marqués vers les Hauteurs des marches de Bretagne.
Un relief sans grands dégagements
Entre les vallées, les parties de plateau et les longs versants qui n’offrent que de faibles variations de relief, sont principalement recouverts d’un paysage agricole bocager. Aussi, les dégagements visuels restent limités, le paysage ne se dévoilant que pas à pas au gré de la succession de petites sous-unités spatiales.
Quelques points de vue épars
Quelques points de vue s’offrent toutefois, notamment sur les flancs des reliefs du Pertre ouverts sur la Plaine de Janzé-La Guerche, ou sur les reliefs des marches de Bretagne qui peuvent constituer aussi des horizons marqués. Lorsque les vallées sont suffisamment ouvertes et que les hauteurs de leurs versants offrent des points de vue accessibles, elles proposent davantage de « bassins visuels » permettant d’appréhender le paysage.
Plans d’eau et vallées condensent le paysage
Certaines séquences de vallées ouvrent sur des paysages bien lisibles où les pâturages jouent un rôle majeur. Ce n’est cependant pas toujours le cas, les fonds de vallée étant aussi fréquemment fermés par la végétation des friches ou des peupliers.
A gauche de la photo, la structure du paysage permet de percevoir le relief de la vallée et les parcelles agricoles. A droite, en revanche, le rideau opaque de la peupleraie s’interpose, son volume tend à gommer la présence même de la vallée, et la cime des arbres s’aligne sur les hauteurs des coteaux.
L’unité paysagère accueille des plans d’eau nombreux et importants. Ils constituent des motifs centraux autour desquels le paysage est fédéré. Constitués entre 1978 et 1995, les plans d’eau de La Valière, La Cantache, et de Haute-Vilaine scandent le secteur autour de Vitré. Destinés d’abord à la constitution de réserves d’eau et à la régulation du cours de la Vilaine, tant pour écrêter les crues que pour en soutenir l’étiage, ils apportent également aux populations des espaces de promenade et de loisirs. D’autres étangs ont une forte présence dans le territoire, comme ceux de Chatillon-en-Vendelais ou de la Noé à Val-d’Izé…
Une ambiance de bocage pâturé
Le Plateau de Vitré est dominé par des ambiances de paysage rural où le bocage, le plus souvent limité à quelques haies ou ragosses, présente d’importantes variations selon les secteurs. Les pâturages sont partout nombreux, et les animaux au pré apportent une présence très vivante qui contribue au caractère « bucolique » de l’unité. On trouve même, de loin en loin, quelques vergers de plein-vent, reliques d’un paysage qui a quasiment disparu depuis les grandes campagnes d’arrachage de pommiers initiées dans des années 1960.
La scène est représentative : le relief légèrement modulé forme un petit bassin visuel s’ouvrant sur les cultures et les prés qu’accompagnent quelques haies bocagères de densité très variable. Une masse boisée borne l’horizon, mais c’est le clocher du bourg qui le perce vers le ciel !
Sur la crête, le château domine un paysage animé par différentes parcelles de culture et par de nombreux arbres. L’absence des strates basses du bocage permet une bonne lisibilité des parcelles, mais dénote aussi une évolution des modes de gestion des haies.
Vitré : un site, des zones d’activité
La Vilaine a creusé dans le plateau une vallée encaissée ménageant, dans ce secteur des marches de Bretagne, des sites au potentiel stratégique qu’ont mis à profit les bâtisseurs du château de Vitré. La ville historique s’inscrit sur le bord sud du plateau. Elle domine la Vilaine qui reste un horizon naturel de référence, notamment à partir des points de vue élevés sur les versants. Les extensions urbaines se sont principalement développées au sud. Aux faubourgs sont associées des zones d’activité, de commerces et de logements, ainsi que les voies de chemin de fer et de contournement. Au sud toujours, la RN 157 a généré, à proximité de l’échangeur, une zone d’activités importante ainsi que d’autres implantations d’activité plus réparties.
L’activité apporte son lot de composantes dans le paysage. Alors que le silo apparaît comme partie prenante du paysage agro-naturel, les développements de l’échangeur sont bien moins articulés à leur environnement.
Des bourgs en développement
Outre Vitré, d’autres localités ponctuent l’unité paysagère. Beaucoup d’entre elles sont construites selon un même modèle, mais à des échelles diverses. De nombreux cours d’eau prennent leur origine dans l’unité située en limite de bassin versant. La plupart des localités sont implantées dans ces secteurs de sources, sur de légers sommets, au sein des secteurs cultivés. Le réseau des routes, organisé en étoiles autour des églises, crée parfois des effets de perspectives donnant sur les clochers quand les dégagements le permettent. Autour des centres bourgs se développent en général des auréoles d’habitat pavillonnaire, soit en lotissement, soit en mitage linéaire le long des voies. Balazé, Saint-M’Hervé, Bréal-sous-Montfort, Erbrée, Landavan, sont conformes à ce modèle. Le Pertre également, dans une position magistrale due aux proportions plus accentuées du relief. On notera que Saint-Christophe-des-Bois ne présente pas d’extension pavillonnaire.
Quelques exceptions
Quelques localités sont établies au contraire dans des « creux » : Montreuil-sous-Pérouse, située dans la vallée de la Pérouse, mais dont les développements occupent le coteau exposé au soleil ; Pocé-les-Bois qui occupe une partie du coteau nord de la Vilaine, et Val-d’Izé, au bord du ruisseau du bois de Cornillé. Chatillon-en-Vendelais, à proximité de la vallée de la Cantache occupée par le plan d’eau, s’est développé au sud, débordant les limites de son site d’origine…
La position du bourg, dans un léger creux, lui permet d’être vu presqu’en entier. Le clocher est environné par les extensions pavillonnaires puis par le cadre agro-naturel, tandis que les boisements ferment l’horizon : le paysage apparaît comme une « structure », mais laisse aussi voir le peu d’articulation entre les lotissements et les parcelles agricoles.