Les reliefs plissés créent une succession d’unités de perception d’un paysage rural bocager, cadré par des crêtes boisées et ponctué par des bourgs et des villages implantés sur les hauteurs.
Limites et voisinages
L’unité est définie par la forme de ses reliefs linéaires étirés d’ouest en est. Au nord, la limite est progressive le long des coteaux qui dominent la Plaine de Janzé-La Guerche. Au sud, la vallée de la Chère limite l’unité. Même si les plissements se poursuivent à l’ouest, l’unité paysagère est stoppée par la vallée de la Vilaine qui vient nettement les trancher. Ils se poursuivent également vers l’Est, où ils accueillent notamment le site de Châteaubriant en Loire-Atlantique. Dans l’atlas des paysages de Loire-Atlantique, ce paysage est défini dans l’unité « Les marches de Bretagne orientales ». Un ensemble de massifs forestiers forme un seuil de perception aux frontières de l’Ille-et-Vilaine, de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire (forêts de Taillay et d’Araize).
Socle naturel
Les principaux caractères paysagers reposent sur la forme particulière des reliefs. Il s’agit d’une succession de crêtes et de sillons orientés ouest-est, d’une amplitude de 80 m environ entre les points hauts et bas. A l’exception de la Vilaine, ils orientent la plupart des cours d’eau, notamment le Semnon ou la Chère, dont les longues vallées relient le département d’Ille-et-Vilaine à ses voisins. Les reliefs linéaires résultent d’un vaste système de plissements que le géologues regroupent sous l’appellation de « synclinaux du sud de Rennes ». L’érosion différentielle a mis en valeur les roches résistantes telles que les grès armoricains et les poudingues. Du fait de l’orientation des reliefs, les coteaux bénéficient soit d’une orientation vers le soleil soit vers le nord, les plus ensoleillés ayant motivé davantage d’implantations urbaines. Des boisements, peu nombreux, sont majoritairement situés en limite de l’unité paysagère : à l’approche de la Vilaine, ils coiffent davantage les reliefs. On les retrouve également en limite départementale (forêts de Teillay et d’Araize au nord de Châteaubriant, forêts du Theil et de La Guerche au bord des plissements au nord).
Motifs et structures du paysage
Entre Grand-Fougeray et Janzé, la coupe expose la succession des plissements du sud au nord. La position de Grand-Fougeray, au rebord sud d’un relief, profite du bon ensoleillement. L’unité montre ici son caractère essentiellement rural, aucun bourg n’apparaissant entre Grand-Fougeray et Janzé.
De multiples points de vue depuis les crêtes
La forme des reliefs multipliant les points de vue, l’unité paysagère des Crêtes de Bain-de-Bretagne prend, grâce à ce caractère, une valeur paysagère plus intense. Le paysage se « regarde » plus volontiers vers le nord, dans le sens de l’éclairement naturel et du fait de l’orientation est-ouest. Les pentes situées au sud et mieux éclairées sont ainsi plus aisément considérées.
La table d’orientation renforce la valeur du point de vue. Le panorama y est repris par le dessin et légendé, tandis qu’un texte développe un discours sur le paysage et ses diverses lectures possibles.
La RN 137 Rennes-Nantes traverse l’unité paysagère de part en part, perpendiculairement aux plissements : on y perçoit les plans successifs formés par les reliefs.
Le sillon forme un « bassin visuel » et oriente les cours d’eau. Deux rivières peuvent occuper le même sillon, l’une s’écoulant vers l’ouest, l’autre vers l’est. La structure répétitive y apparaît : des crêtes boisées, un bocage plus ou moins dense sur les coteaux, davantage d’arbres dans les fonds (bocage et boisements des berges).
Un paysage de coteaux agricoles
Sur les pentes, le territoire se présente à l’observateur comme un livre ouvert : le paysage est lisible, les trames parcellaires et bocagères se distinguent nettement, de même que la position des localités de crête. Le paysage rural domine largement l’unité qui accueille peu d’agglomérations. Il s’y présente sous la forme d’une maille bocagère aux variations importantes, assez lâche pour que les parcelles de cultures et de prés soient identifiables et y apportent leur lumière.
Des sommets boisés
Du fait de sols plus pauvres issus de roches plus résistantes sur les crêtes, les bois y sont plus nombreux que sur les coteaux ou dans les creux. Les horizons sont ainsi souvent formés par des crêtes soulignés de bois.
Un effet de répétition
Les reliefs alignés se succèdent, se ressemblent. L’unité, dans une perception dynamique lors d’un déplacement, apparaît ainsi comme un paysage à la musique répétitive : crête, creux, crête, creux… Chaque espace en creux forme aussi une « entité » de perception pratiquement autonome, un paysage en soi.
Des rivières nombreuses mais peu visibles
Les rivières et les ruisseaux coulent au fond des sillons, mais ne sont que peu visibles, en raison de l’importance de la végétation arborée qui les accompagne, et du fait que peu de voies se trouvent en position de berge. Quelques plans d’eau accompagnent certaines localités : Bain-de-Bretagne, Martigné-Ferchaud.
Peu d’agglomérations, toutes en crêtes
L’unité est principalement rurale, ponctuée de fermes et de hameaux. Les principales localités se développent le long de l’axe de la route Rennes-Nantes (RN137) : Grand-Fougeray, Bain-de-Bretagne, Poligné, ainsi que Crevin et Laillé à l’approche de Rennes. Martigné-Ferchaud prend position sur la route d’Angers et donne sur le Semnon. A Bain-de-Bretagne, l’effet « vitrine » est particulièrement utilisé par la zone d’activité située au niveau de l’échangeur, et une longue zone d’activités accompagne la route au droit de Laillé, hors agglomération. Toutes les localités prennent position sur des hauteurs, selon trois modalités principales :
- sur des crêtes de plissements, comme Grand-Fougeray, le Sel-de-Bretagne, la Dominelais…
- sur de légères hauteurs proches des cours d’eau, comme Martigné-Ferchaud, Crevin, ou l’étonnant site « double » de Pancé et Poligné qui domine le Semnon de part et d’autre du coteau abrupt du « Tertre Gris ».
- sur des sites de cluses, de crêtes percées par le passage d’un cours d’eau, comme Bain-de-Bretagne ou la-Bosse-de-Bretagne. Autour des centres anciens se développent des auréoles de zones pavillonnaires, d’activités, de commerces… Le phénomène se concentre autour des principales villes à proximité des axes routiers, mais touche moins les petites localités.
La ville apparaît à contre-jour au-dessus de son plan d’eau. Elle est cependant comme « enfermée », privée de contact direct avec son cadre agro-naturel : la voie de chemin de fer s’interpose au nord, vers le plan d’eau, le contournement routier en fait de même au sud, vers la campagne.
Quelques centrales éoliennes
Les positions sur les crêtes ont motivé quelques implantations, sans pour autant produire encore d’effet de saturation de l’horizon. Les éoliennes apparaissent comme des « fabriques », liées chacune à un bassin visuel différent. La centrale de Grand-Fougeray apparaît nettement aux usagers de la RN 137.
Les machines ponctuent le paysage où se succèdent les crêtes. Associées au relief, leur grande taille tend à miniaturiser les reliefs eux-mêmes, et leur mouvement captive l’œil, notamment depuis la RN 137, où elles marquent l’entrée en Ille-et-Vilaine.