L’agglomération de Rennes, articulée au réseau des rivières qui y convergent, dialogue avec son paysage agro-naturel dont la présence est sensible jusqu’aux portes de la ville elle-même. Les tissus anciens et contemporains de la ville créent des paysages urbains aux caractères affirmés.

Vue de Rennes depuis le 27eme étage de la tour des Horizons
Carte de l’unité paysagère

Limites et voisinages : les contours d’un « archipel »

Certains seuils de perception sont donnés par les éléments de nature. Au nord-est, les reliefs et la présence des grandes masses boisées marquent le passage à un paysage différent, ce que l’on ressent également vers le nord, avec le coteau de Vignoc. Au sud, les reliefs des plissements et les vallées de la Vilaine et du Meu, de Bruz à Mordelles, sont également bien lisibles et dessinent une limite sensible au territoire de l’agglomération. Cependant, la définition de l’unité de paysage repose sur un critère d’urbanisation incluant l’agglomération de Rennes proprement dite (note) et les secteurs non agglomérés mais aux caractères néanmoins urbains qui l’entourent. La limite avec les unités voisines n’a pas de caractère brutal. Le concept de « ville-archipel » a au contraire permis de maintenir d’importantes continuités de paysages agro-naturels au sein même de l’espace urbanisé, dont la présence est sensible jusqu’aux portes de la ville-centre. Le contour de l’unité paysagère traduit la perception de densité urbaine dans le contexte agro-naturel, en particulier le long de certains axes : la vallée de la Vilaine en amont de Rennes doublée par la RN 157, la vallée de la Seiche au sud, la RD 137 au nord-ouest. La vallée de l’Ille au nord fait l’objet d’une unité paysagère spécifique intégrée au canal d’Ille et Rance, de même que la Vilaine en aval de Rennes.

Socle naturel

A petite échelle, Rennes est située dans un bassin topographique de très faible altitude que bordent deux zones de reliefs assez nets au nord et au sud, et qui s’élève progressivement vers l’est et l’ouest. Cette position en contrebas crée des effets de découverte de la ville qui devient ainsi un paysage en soi, notamment depuis les reliefs au sud. Une vaste confluence forme le site même de la ville, confluence à l’origine du nom gaulois de Rennes, Condate.

Rennes, le site des confluences

Au centre du bassin rennais, les rivières convergent sur l’axe formé par l’Ille (au nord) et la Vilaine (au sud). Les eaux se rejoignent pour s’engager dans la cluse du Boël pour franchir les reliefs plissés au sud de l’agglomération.

En dehors des vallées, les reliefs ne sont que peu marqués dans le bassin lui-même. La forêt de Rennes qui constitue une frontière paysagère ressentie dans l’agglomération, n’en fait pas partie.

Motifs et structures du paysage

Rennes, une figure paysagère

Entre Orgères et Bourgbarré, le rebord du coteau offre un des points de vue sur le bassin de Rennes. La ville apparaît dans une perspective, sous la forme des tours blanches (principalement celles du Blosnes, mais aussi la tour Éperon du Colombier) qui la caractérisent de loin. La figure urbaine se détache avec beaucoup de netteté du cadre de cultures et de bois exprimé aux premiers et arrières plans. Depuis d’autres points de vue qui offrent des panoramas de ce type sur Rennes font des tours des figures émergentes de la ville.

Repérage des coupes
Coupe 10, nord-sud - Rennes est au centre d’un bassin que cadrent des reliefs plus élevés au nord et au sud. Le relief très plat du site urbanisé contribue à mettre en valeur les vues sur les éléments bâtis depuis les versants éloignés.
Coupe 6, est-ouest - Le bassin de Rennes lui-même est assez peu boisé. Les massifs forestiers qui soulignent les reliefs alentour renforcent l’effet de bassin et créent des arrière-plans aux vues sur la ville.

Les vallées, ancrage paysager majeur

L’unité est constituée d’un véritable « carrefour de rivières », succession de confluences en provenance de l’ouest et de l’est qui convergent sur un axe nord-sud. La grande majorité des localités se trouve ainsi en relation avec l’une d’elles. Les rivières qui constituent les principaux motifs naturels de l’unité sont à l’origine, quand elles s’articulent avec des motifs urbains, de nombreux paysages de qualité. La Vilaine en amont, l’axe de la Seiche et de l’Yaigne en aval, composent des « lignes paysagères » auxquelles s’adressent les localités qui les longent. Chaque cours d’eau fédère ainsi, dans une continuité paysagère, plusieurs centres urbains, leur offrant à la fois un espace de référence pour leur ancrage au site, de beaux horizons naturels, et de possibles espaces de détente et de déplacements doux. Si sur la rive droite, à l’ouest de Rennes, l’articulation paraît moins nette. A quelques exceptions près (Le Rheu, Bréal-sous-Montfort), trop éloignées, il est tout de même possible de « raccrocher » presque toutes les villes et bourgs du secteur à un cours d’eau, plus ou moins important, plus ou moins lisible aujourd’hui.

Le cours de la Vilaine à l’est de Rennes

De Rennes à Chateaubourg, la rivière fédère de nombreux centres urbains entre lesquels se dégagent des paysages agro-naturels valorisés par la vallée. Les implantations sont plus nombreuses en rive nord, sur le coteau ensoleillé.

Le cours de la Seiche et de l’Yaigne - Au sud de Rennes, jusqu’à Chateaugiron, les vallées accueillent elles aussi de nombreux bourgs. Les implantations sont ici aussi plus nombreuses en rive nord, sur le coteau ensoleillé.
Le cours de l’Ille (canal) au nord de Rennes - D’importantes localités ont également pris position sur les bords de l’Ille (unité paysagère du canal d’Ille-et-Rance).
Le réseau ouest

Il est moins évident de raccrocher aux rivières les localités situées à l’ouest de Rennes, dans les Plaines de la Flume et du Meu. Cependant la carte indique leur proximité, pas toujours sensible, mais qui structure le paysage du secteur. Bréal-sous-Montfort et Le Rheu (en jaune) ne sont pas associés aux cours d’eau.

Rennes, au bord de la Vilaine - Une opération récente spectaculaire inscrit au bord de la rivière canalisée un grand nombre de logements, et forme un nouveau repère dans le paysage.
Le quai Saint-Cyr, une séquence rennaise réputée - En aval, la Vilaine organise une perspective donnant sur le beffroi de l’Hôtel de ville.
Les quais à Rennes, séquence où la Vilaine n’est pas recouverte
Rennes, École d’architecture - La façade de l’école épouse la courbe d’un bras du canal.
Cesson - En lien direct avec la rivière, la ville compose un véritable « tableau de paysage ».
Acigné - Les bâtiments des moulins sur la Vilaine composent ici une scène notable.
Saint-Jacques-de-la-Lande - La nature des « zones humides » du Blosne est inscrite dans le paysage du parc de la ville. Bruel et Delmar, paysagistes.
Le Manoir de Tizé au bord de la Vilaine
Vallée de la vilaine - La succession des localités et de leurs extensions pavillonnaires et industrielles donne à la vallée le caractère d’un axe métropolitain.

Des paysages lisibles de villes et de campagnes

Outre les vallées, l’unité paysagère se compose de pôles urbains non contigus se détachant au sein d’une vaste continuité d’espaces agro-naturels. Cette figure de la « ville-archipel » portée par la planification et soutenue par les volontés politiques, structure, avec les rivières, le paysage de l’agglomération. Celui-ci est qualifié par la netteté des limites entre la ville et son cadre : la rocade dessine ainsi une ligne de séparation lisible qui permet aux campagnes de rester le plus souvent présentes et visibles jusqu’aux portes de la ville, sur un important linéaire. A l’est, la voie de contournement, plus éloignée de la ville, permet de constituer une réserve foncière pour l’urbanisation future tout en préservant ce schéma.

Un aspect de la rocade

La route fait la frontière entre la ville et la campagne. Ce principe de lisibilité n’est cependant pas partout sensible. De nombreux écrans (talus, végétation) s’interposent entre la rocade et les espaces environnant. Dans le même temps la végétation des talus s’associe aux horizons ruraux dans un paysage non urbain.

Coupe entre Rennes et Noyal-Châtillon-sur-Seiche - La rocade : une limite nette et franche entre la ville et son cadre de paysage rural.

En combinant le développement des pôles urbains existants au maintien de vastes continuités d’espaces agricoles et de nature, l’étalement a été autant que possible écarté du plan d’urbanisation de l’agglomération rennaise. Les parties non urbanisées conservent une campagne bocagère cultivée et pâturée, tandis que les pôles urbanisés présentent des formes urbaines qui optimisent l’espace. Il en résulte un paysage original, marqué tant par la présence d’horizons agro-naturels jusqu’aux portes de Rennes et autour des autres villes et bourgs, que par l’aspect même des quartiers qui échappent à la banalisation architecturale et minimisent l’étalement urbain.


 

Pacé - Un rang d’immeubles collectifs forme le « bord de ville » donnant directement sur la campagne : les fenêtres s’ouvrent directement sur le paysage. Ici, un ancien chemin du bocage, situé entre deux immeubles, relie la campagne et la ville.

Les paysages de campagnes associés aux pôles urbains

Les relations entre les espaces urbanisés et les territoires encore agro-naturels se traduisent en termes de perceptions et d’usages : - Les paysages de campagne bocagère ne sont jamais très éloignés des espaces urbanisés et habités, et en constituent souvent les horizons. Les « bords de ville » donnant sur ces horizons sont nombreux et peuvent occasionner des dispositifs de « jouissance paysagère », notamment des promenades de proximité donnant sur la campagne et bénéficiant des belles ambiances des chemins bocagers. Outre les positions de « bords de ville », le bocage offre aussi des continuités entre le cœur des pôles urbains et l’environnement agro-naturel. - Les chemins du bocage sont volontiers mis à contribution pour structurer le réseau des déplacements, non seulement les promenades de détente, mais aussi les déplacements quotidiens. - Les éléments du bocage ont été souvent maintenus et valorisés dans l’espace public des développements urbains, notamment les haies de chênes. Ceci inscrit dans la ville les motifs de la campagne qui la précédait, et apporte une lecture de continuité dans le temps. - Les produits de la campagne et l’activité agricole se trouvent à proximité des habitants des villes : les circuits courts de distribution, les accueils pédagogiques à la ferme renforcent les liens entre les deux types d’espace.

Chartres-de-Bretagne - Un chemin au bord de la ville permet le contact avec la campagne toute proche.
Rennes, quartier de Beauregard - Les chênes ancestraux sont inscrits dans l’espace public et qualifient le paysage de la rue. Leur volume peut répondre à celui des immeubles de deux étages.
Cesson - Le chemin bocager a été maintenu et offre un parcours dans le lotissement.

Des entrées de ville disqualifiantes sur certains axes

Le réseau des routes forme autour de Rennes une étoile dont la forme fait écho à celle des rivières. Certaines de ces voies s’accompagnent d’un chapelet d’activités industrielles et commerciales donnant un paysage d’entrée de ville étalé de faible qualité, comme la RN 157 (route de Paris), la RD 637, ancienne RN 137 vers Saint-Malo (route du meuble), la RN 24 (route de Lorient), la RD 837 (ancienne route de Nantes). En revanche, la limite nette entre la ville et la campagne qui l’environne, limite dessinée par la rocade, se lit parfaitement sur d’autres routes, comme celle de Nantes (RN137), de Saint-Brieuc (RN12) ou encore d’Antrain (RN175).

Route de Lorient (image Google)

La dureté de la zone commerciale en entrée de ville est adoucie par les végétaux du terre-plein central. Alors que le paysage paraît banalisé par les façades commerciales, le stade rennais vient, en point de mire, mieux caractériser la perspective.

Route de Paris (RN 157) - Les activités se succèdent le long de l’axe parallèle à la Vilaine.

Les paysages urbains de Rennes

Dans l’agglomération, de nombreux tissus échappent à la banalisation, qu’il s’agisse du centre historique, ou des quartiers récents.

Les tours blanches

Rennes apparaît depuis des points de vue éloignés, en raison de sa position au centre du bassin qu’environnent des reliefs plus élevés. A cette distance, émergeant des nombreux arbres du cadre bocager, la ville apparaît sous la forme d’un ensemble de tours : tours de logements du quartier du Blosne au sud, tour de l’Éperon au centre gare, tour des Horizons, très reconnaissable, au centre-Lices…

Une des visions de Rennes depuis les rebords du bassin rennais - En arrivant par la RN 137 (route de Nantes), les tours blanches s’identifient aisément, notamment la tour des horizons, un peu à l’écart à l’ouest du centre.

Un centre caractérisé par le double patrimoine des « pans de bois » et des façades de pierre

Les immeubles à pans de bois donnent à Rennes des paysages urbains reconnus, formant certains de ses sites les plus souvent représentés, comme la place des Lices ou celle du Champ-Jacquet. Ces immeubles sont toutefois des rescapés de l’incendie qui ravagea la ville en 1720, et à la suite duquel le centre fut entièrement recomposé selon un plan classique par l’architecte Jacques Gabriel. Cette reconstruction a donné au centre d’autres paysages, faits d’un ordonnancement quasi militaire et de façades de pierre.

Rennes, place des Lices - Immeubles à pans de bois dans le bas de la place, un jour de marché. Dans le haut des Lices, les effets d’un incendie plus récent ayant détruit des éléments du patrimoine « pans de bois ».
Rennes, place du Parlement - Les façades classiques, en pierre, encadrent la rue Nationale, avec la tour des Horizons dans la perspective.

Une « recherche » de paysages urbains

Dans de nombreux quartiers édifiés récemment, le paysage est caractérisé par un urbanisme cherchant des formes urbaines contemporaines, adaptées aux enjeux de l’époque qui se traduisent aussi par des formes architecturales qui échappent à la banalité.

Chantepie - Les architectures et le traitement des espaces publics relèvent d’une recherche formelle produisant des paysages originaux, permettant aux habitants une identification.
La Courrouze - Le quartier, conçu par les architectes Paola Vigano et Bernardo Secchi, accompagnés de Charles Dard, paysagiste, combine des formes variées à d’importants développements paysagers.