La façon dont nous regardons et comprenons notre environnement influence notre action sur celui-ci. L’étude des paysages permet de mieux cerner le rapport des habitants à leur environnement et l’incidence de ce rapport sur son état et son devenir.
La finalité de l’Atlas est d’éclairer la lecture des paysages de l’Ille-et-Vilaine et de leurs dynamiques, pour mieux en saisir les enjeux, et mobiliser les acteurs et leviers d’action dans une perspective de développement durable du territoire. La large concertation organisée dans le cadre de son élaboration souhaite en être le garant.
Comme un tableau ne peut être réduit à ses touches de couleurs, l’analyse des paysages aborde, au-delà de la distribution des composantes d’un environnement, la perception que s’en fait son observateur. Le paysage participe d’une dualité entre l’objet observable (un environnement) et le regard de l’observateur (un individu ou un groupe d’individus).
Il se rapporte à des sensations et interprétations de notre environnement. Celles-ci sont fonction de nos expériences, de nos connaissances et de nos besoins. Elles résultent également de modèles de pensées qui sont les nôtres ; liés à la tradition, à l’éducation et à la communication sociale.
L’horizon de la mer à partir d’une plage nous apparaît d’autant plus comme paysage qu’on en connaît l’étendue et la profondeur, le milieu, qu’on nous en a raconté des histoires, qu’on en a vu des toiles, entendu des chansons, lu des poèmes ou des romans, qu’on a le souvenir d’y être allé.
Aussi, les images (propos, photos, peintures et autres) de paysages donnent à voir leurs perceptions et traduisent leurs représentations au sein de la société.
L’étymologie du mot « pays-sage » renvoie à ce que le regard embrasse ; un morceau de pays qu’il choisit de retenir. Il est un endroit dans notre environnement que l’on considère en particulier, qui nous parle : un « lieu ». L’approche sociologique s’intéresse à rapporter les images du paysage de l’Ille-et-Vilaine pour ses habitants, à considérer et mieux comprendre la diversité de leurs regards sur les paysages existants, sur leurs évolutions et leurs enjeux.
Ainsi, l’analyse des paysages propose aussi une lecture de notre rapport à notre environnement.
Au cours des « 30 Glorieuses », le développement industriel et la prospérité économique font des zones d’activités des marqueurs de la dynamique des territoires. Aussi, elles se multiplient et dessinent l’entrée des grandes agglomérations, puis celles des plus petites communes. Elles sont mises en avant et participent du paysage des territoires. Aujourd’hui, on tend à les cacher, le plus souvent derrière un rideau végétal ou un merlon, et à construire les nouveaux bâtiments en retrait des voies. Personne n’associe plus paysage et zone d’activités.
Les « lieux » ou les « paysages évocateurs » rendent compte de l’appropriation de l’espace par des populations. Au-delà de l'enjeu écologique, la protection des paysages relève d'enjeux identitaires, sociaux et économiques.
La reconnaissance de la diversité des paysages perçus du territoire départemental doit contribuer à concilier la protection écologique, la mise en valeur environnementale et le développement durable du territoire de l’Ille-et-Vilaine.