L’Atlas des paysages de l’Ille-et-Vilaine présente un état des lieux des paysages du département, considérant leurs dimensions, spatiales, culturelles et sociales, actuelles ainsi que leurs dynamiques d’évolution. Il s’adresse à tous, Brétilliens ou visiteurs, en formation ou professionnels, intervenant dans le domaine des paysages ou pas. Mobilisant dès les prémices de son élaboration les acteurs des paysages (intervenant, réfléchissant, regardant les paysages du département), il constitue un outil pour mieux :
- Comprendre les paysages existants
- Lire un paysage en évolution
- Retenir les déterminants d’un paysage à construire.
Les finalités de l’Atlas
- Une approche territoriale des paysages, considérant la cohérence des territoires (géographique, culturelle, économique et sociale) ;
- Une culture partagée du paysage, à partir d'un référent commun (participant d’une analyse concertée, transversale et pluridisciplinaire).
Des objectifs d’opérationnalité
- Fournir des connaissances complémentaires, suffisantes aux élus et aux aménageurs, afin de mieux prendre compte la dimension paysagère dans les politiques et actions d’aménagement.
- Considérer l'ensemble du territoire, au-delà des sites et paysages particuliers, souvent déjà connus.
- Tenir compte de l'évolution de la société, en particulier des aspirations en matière de nature, de patrimoine et de culture. L’Atlas des paysages de l’Ille-et-Vilaine a vocation à être un outil au service des porteurs de projets locaux à l’échelle des territoires du département.
Une démarche participative
Des entretiens individuels, des ateliers de travail, des réunions techniques ont nourri l’élaboration de l’Atlas des Paysages de l’Ille-et-Vilaine tout au long de son processus. La qualité de cet important corpus est soulignée par la sociologue qui en restitue l’essentiel dans le présent ouvrage.
Interrogeant les acteurs sur leurs propres représentations, cette démarche sensibilise les différents acteurs aux paysages et aux activités qui les impactent. Elle vise également une appropriation de l’Atlas des paysages de l’Ille-et-Vilaine comme outil de travail pour une meilleure prise en compte des paysages dans les projets, individuels ou collectifs.
Les entretiens d’acteurs locaux des paysages
Une série d’entretiens semi-directifs, d’environ une heure chacun, a été menée auprès d’acteurs du paysage. 45 personnes ayant une connaissance particulière des paysages (élus, techniciens, représentants d’association) ou une activité qui a une forte incidence sur leurs évolutions (agriculteurs, entrepreneurs, aménageurs, etc.) ont été interviewées à partir d’une grille d’entretien par une seule et même personne (afin de garantir la plus large expression de l’interviewé). Il s’agissait pour la sociologue de comprendre leur perception du paysage de l’Ille-et-Vilaine et de l’incidence de leurs activités sur celui-ci.
L’importance du nombre de ces entretiens correspond à la volonté de couvrir l’ensemble du territoire départemental ; aussi, un élu de chacune des 30 communautés de communes de l’Ille-et-Vilaine a été rencontré. Considérant l’importance des situations et parcours individuels dans la lecture des paysages, nous nous sommes également assurés d’un échantillon représentant la diversité de la population brétillienne, concernant les situations biologiques et familiales, l’origine géographique, les types d’habitat et de commune de résidence.
Un questionnaire à l’intention des Brétilliens
A partir de l’analyse des entretiens, un questionnaire a été élaboré afin de rapprocher les regards sur les paysages de l’Ille-et-Vilaine des caractéristiques socio-économiques et résidentielles des Brétilliens et ainsi affiner l’analyse des représentations sociales. Pour parler de paysages, les répondants sont invités à commenter une série de photos, rapportant la diversité des paysages de l’Ille-et-Vilaine, tels que perçus par les acteurs du paysage, interviewés en amont. L’originalité du questionnaire réside également dans le nombre de questions ouvertes (dont les modalités de réponses ne sont pas pré-écrites) donnant une large part à la parole ; porte d’entrée privilégiée pour entrer dans le monde des représentations.
Le questionnaire a été diffusé par le biais du site Internet du Conseil Général et des 353 mairies du département qui ont été invitées par courrier à compléter le questionnaire et à le diffuser largement. 736 questionnaires ont été retournés, représentant 59 % des communes du département. Cet échantillon spontané n’est pas représentatif au vu de la population départementale, mais il offre une bonne représentation, donnant à voir la diversité des personnes intéressée par l’objet de l’étude et permettant des croisements significatifs (au sens statistiques) entre les réponses aux questions traitant des paysages et celles se rapportant aux caractéristiques des répondants.
Les entretiens se sont déroulés entre juillet et octobre 2012, la diffusion et le retour des questionnaires ont été effectués entre la mi-avril et la fin juin 2013.
Un recueil d’images des « regards des habitants sur les paysages de l’Ille-et-Vilaine
Dès octobre 2012, après en avoir testé la proposition auprès de l’ensemble des personnes interviewées, un recueil d’images de « regards sur les paysages de l’Ille-et-Vilaine » a également été proposé sur le site Internet du Conseil général. Les répondants étaient invités à accompagner leur envoi de quelques mots sur l’image choisie et son observateur (à partir d’une fiche proposée). 70 images ont été ainsi analysées. Le moindre retour d’images de paysage peut en partie s’expliquer par la réserve à donner à voir ce que l’on considère comme étant de l’ordre de l’intime.
Des ateliers « pour une définition concertée des enjeux des paysages de l’Ille-et-Vilaine »
Sur la base de ces données, au cours des dernières semaines de 2013, une présentation d’étape du diagnostic est présentée par la sociologue et le paysagiste aux élus, techniciens et responsables associatifs concernés, pour une définition concertée des enjeux de paysage. Cet atelier de travail est organisé dans chacun des sept Pays du département afin de s’assurer d’une concertation élargie et de recueillir des réactions (informations complémentaires) à cette échelle, au fur et à mesure de la présentation du résultat de nos travaux. La sociologue s’attache dans cette étape à rapporter les dynamiques de paysage observées par les acteurs précédemment rencontrés, à considérer les réactions des participants, pour finalement les inviter à s’exprimer individuellement sur les enjeux de paysage qu’ils cernent.
Une gouvernance par le comité de pilotage et le comité technique
Le maître d’ouvrage a souhaité une gouvernance élargie pour l’élaboration de l’Atlas des paysages de l’Ille-et-Vilaine.
Le Comité de Pilotage est composé des élus représentant la maîtrise d'ouvrage et des acteurs institutionnels présents au titre de cofinanceur et/ou garant d’une coordination territoriale ainsi que du cadre réglementaire.
Le comité technique est composé des agents des services de l’Etat, des collectivités impliquées et des partenaires techniques, ayant un regard et une expertise reconnue dans le domaine et nécessaire à l’analyse des rendus, aux préconisations et avis à transmettre et faire valider au comité de pilotage.
Le comité technique a eu en charge d’amender et valider la proposition de cahier des charges, le choix du bureau d’études, de valider ou de réorienter la méthodologie, les rapports d’étape et les documents définitifs. Le comité de pilotage a eu pour rôle principal de valider et réorienter, si nécessaire, le contenu de l’Atlas des paysages de l’Ille-et-Vilaine.
Les élus et les techniciens ont pu suivre et intervenir tout au long de l’élaboration de l’Atlas des paysages à travers les rencontres régulières (quatre comités de pilotage et cinq comités techniques), mais aussi à partir du site internet sur lequel les articles de l’Atlas des paysages ont été proposés au fur et à mesure de leur écriture pour être commentés et alimentés par la réflexion du comité technique.
Préalablement aux ateliers réalisés par pays, plusieurs membres du comité technique ont participé à un atelier d’échange. Il s’agissait d’entendre les différents points de vue sur les paysages de l’Ille-et-Vilaine. Puis la sociologue a invité les participants à réfléchir sur des dynamiques de paysage, les échelles d’action les plus pertinentes, et de leviers d’action de développement à partir d’une approche par le paysage.
Des élus et des techniciens de chacun de ces comités ont également pris part aux ateliers par pays.
Une expertise pluridisciplinaire
L’Atlas des paysages de l’Ille-et-Vilaine attache autant d’importance aux objets qu’aux lieux de paysage. En effet, le cadre, la composition spatiale, les éléments de paysage sont regardés dans leurs relations, potentielles ou effectives, avec le sujet qui les considère. Les perceptions sont écoutées pour comprendre ce qui compose les paysages des Bretilliens.
Aussi à côté de l’expertise du paysagiste, du géographe et de l’urbaniste, la sociologue et la documentaliste étudient les représentations sociales et culturelles des paysages de l’Ille-et-Vilaine.
En plus de soutenir l’analyse du paysagiste, l’étude sociologique permet de connaître les représentations des paysages de différents acteurs (élus, techniciens, responsables associatifs, habitants), de relever les différents lieux et dynamiques perçus de paysage. L’éclairage de leurs regards aide à envisager des pistes d’action plus pertinentes.
Analyse géographique, paysagère et urbanistique
L’identification des caractères des paysages d’Ille-et-Vilaine, énoncés selon les unités de paysage, repose sur trois approches complémentaires : la géographie, le paysage et l’urbanisme.
L’analyse géographique porte sur les conditions physiques du paysage, comme la géologie, la géomorphologie ou les modes d’occupation des sols, et permet de comprendre les constituants des territoires offerts à la perception.
L’analyse paysagère étudie les relations qui unissent les composantes physiques et les conditions de leur perception, pour dégager les caractères qui distinguent les unités paysagères L’analyse urbanistique s’attache plus spécifiquement aux motifs construits du paysage et leur place dans les structures paysagères analysées.
La méthode de travail se déroule selon plusieurs séquences :
- La compilation et le traitement des données géographiques, leur traduction cartographique permettent d’effectuer une première analyse des composantes physiques ;
- La prise de connaissance de nombreuses données telles que les documents de planification, les mesures de protection ;
- Les éléments énoncés à l’échelle de la Bretagne par le laboratoire COSTEL (CNRS) de l’université de Rennes 2 (familles et ensembles de paysages) sont analysés. Une ébauche est alors énoncée, identifiant des unités de paysage distinctes, présentant des caractères homogènes ;
- Un important travail de terrain effectué par les paysagistes de l’équipe permet de visiter les unités préfigurées, d’en analyser les caractères perceptibles, de les photographier, de noter les structures paysagères et les impressions ressenties sur place ; La préfiguration des unités paysagères est précisée et validée à la suite des travaux de terrain ;
- Les éléments rassemblés par les analyses et les relevés sensibles de terrain sont croisés avec les apports des études des représentations et de l’approche sociologique, et soumis aux membres du comité de pilotage.
Pour ce qui concerne les dynamiques, les enjeux et les pistes d’action, la méthode s’appuie fortement sur l’analyse sociologique, ainsi que sur la connaissance des processus en cours (documents d’urbanisme, projets urbains, protections).
Analyse des perceptions et représentations sociales des paysages
L’approche sociologique s’intéresse au paysage perçu. La perception rend compte du rapport de l’individu à son environnement. Elle émane de sensations et interprétations immédiates du cadre et des éléments de composition de l’espace qui nous entourent. L’interprétation est fonction, entre autre, des connaissances et du vécu de l’individu.
Au-delà de l’individu, ces composantes procèdent également du sens commun. Il s’agit d’une connaissance courante (et non pas scientifique), élaborée à travers l’éducation, la tradition et la communication sociale (véhiculées par les rencontres, réunions et médias). Diffusée, partagée et reproduite au sein de groupes d’individus, elle procède de représentations sociales. Ainsi, il suffit d’énoncer le nom d’un lieu pour que de multiples images nous viennent en tête. Ces images sont une illustration du paysage ; composée d’un cadre, d’une vue, d’une perspective. Le raconter fait appel à nos connaissances, nos expériences, nos besoins et nos modèles de pensées.
Aussi, l’approche sociologique s’est attachée à interroger les habitants de l’Ille-et-Vilaine en privilégiant la parole et l’image, pour une analyse exhaustive des paysages de l’Ille-et-Vilaine.
« Parlez-moi de votre regard sur les paysages de l’Ille-et-Vilaine »
Pour cela, la sociologue a élaboré des outils originaux (grille d’entretien, questionnaire, fiche « images »), discutés et validés en comité technique. Ils ont permis le recueil de témoignages, de photographies et de réflexions sur l’état et les enjeux des paysages de l’Ille-et-Vilaine.
L’analyse du corpus des données ainsi rassemblées présente les paysages dans leur diversité, tels qu’ils sont perçus par les habitants, enquêtés, de l’Ille-et-Vilaine. Elle permet de mieux comprendre quels sont les déterminants de leurs perceptions et de leurs représentations. Elle mesure la compréhension du paysage comme processus évolutif et met en avant les facteurs de valorisation identifiés par ses acteurs.
L’Atlas en propose une lecture transversale sous la forme d’articles thématiques dans la rubrique « Images et représentations : regards d’habitants et représentations sociales » et dans la rubrique « Dynamiques, enjeux et pistes d’action ». Les dynamiques et les enjeux des paysages de l’Ille-et-Vilaine sont émis en s’appuyant sur cette analyse sociologique.
Analyse des représentations culturelles des paysages : réaliser un état des lieux de la représentation culturelle des paysages d’Ille-et Vilaine et comprendre les modalités de sa construction, et ses évolutions
La perception des paysages et l’émotion qu’ils suscitent relèvent en partie des images matérielles et mentales qu’ils mobilisent. Cette mobilisation va puiser dans un creuset de représentations iconographiques (peinture, photographie, carte postale, imagerie populaire), de textes issus de la littérature savante ou populaire, de références mémorielles et historiques, d’inventaires patrimoniaux, d’imagerie touristique et de promotion territoriale… dont la qualité, le statut et la diffusion sont d’une grande diversité.
L’analyse de cet ensemble disparate a conduit à une esquisse d’identification et de hiérarchisation des focalisations à l’échelle départementale des motifs de paysages récurrents, des thèmes et valeurs anciens ou émergeants, permanents ou oubliés. Elle s’est attachée aussi à déceler les modalités de leur apparition et de leur évolution. Cette analyse a été aussi l’occasion de questionner les distorsions (sous-représentation, survalorisation…). Dans cette optique, l’analyse des représentations culturelles, l’analyse paysagère et celle des représentations sociales du territoire se sont enrichies mutuellement.
La restitution a pris la forme de textes de synthèse thématiques appuyés sur une iconographie et des citations représentatives. Selon leur pertinence, certaines données ont été cartographiées.