Cette séquence ouverte et lumineuse de la vallée de la Vilaine est marquée par la présence de marais importants, notamment dans la boucle de Gannedel. Redon, partie prenante d’une structure paysagère exceptionnelle, est l’un des sites urbains les plus remarquables du département.
Le fond de la vallée qui développe un vaste paysage ouvert et lumineux est surtout situé dans le département de Loire-Atlantique.
Limites et voisinages
L’unité de paysage correspond à la séquence alluviale du fleuve dont la vallée s’élargit après la traversée des reliefs plissés du sud de Rennes. Elle s’étend autour de Redon pour intégrer une part de la vallée de l’Oust, également alluviale. Elle se poursuit vers l’aval dans les départements de Loire-Atlantique et du Morbihan. Latéralement, l’unité est définie par les reliefs qui bordent la vallée.
Socle naturel
Après une succession de cluses qui lui permettent de traverser les reliefs du sud de Rennes, la Vilaine coule ici parallèlement aux plissements qui l’environnent. La vallée présente un fond plat alluvionnaire cadré par les coteaux, créant une structure lisible et contrastée qui détermine l’essentiel du caractère du paysage. Le fleuve (canalisé), les multiples bras d’eau et canaux, les marais, se présentent comme autant de composantes au caractère à la fois naturel et construit.
Motifs et structures du paysage
L’unité paysagère présente deux sites singuliers : la boucle de Gannedel et le « bec » de Redon. La Vilaine, navigable, est bordée par des chemins de halage. Ce paysage qui accueille des usages de loisirs, est ponctué d’équipements liés à la navigation fluviale. Les chemins de halage sont fréquentés par les randonneurs.
Une large vallée lumineuse
Pour l’essentiel, le paysage est constitué par la structure du fond de vallée large et plat, cadré par les coteaux. Il offre un caractère très ouvert et très lumineux, du fait des cultures, prairies et marais. Ce paysage où les arbres - principalement saules ou peupliers en ligne le long des cours d’eau - sont assez rares, contraste fortement avec celui des campagnes bocagères présentes sur les coteaux qui le surplombent. Outre la Vilaine canalisée, le fond de vallée est sillonné d’une multitude de bras, biefs, ruisseaux, témoins de l’histoire du cours du fleuve ou résultant des divers travaux de drainage effectués pour la mise en culture des terres. Les inondations constituent une autre forme de la présence de l’eau : en hiver, la Vilaine peut recouvrir le fond de vallée et en transformer le paysage.
A l’horizon, les reliefs boisés contrastent avec le fond de vallée auquel ils donnent un cadre. On reconnaît la tour de télécommunications située au-dessus de Brain-sur-Vilaine.
La boucle de Gannedel
La confluence du Canut et de la Vilaine forme à Gannedel un site singulier, une sorte d’amphithéâtre où s’étend le fond alluvial, et où la Vilaine canalisée abandonne son ancien cours. Un vaste marais, des cultures, occupent cet espace qui peut se transformer en « lac » lors des débordements de la Vilaine. Le marais de Gannedel, une des plus vastes zones humides de l’intérieur du département, accueille et abrite de nombreux oiseaux. Ses caractères écologiques particuliers (eau, biodiversité) motivent une gestion spécifique valorisée par la communication et le tourisme. Il apparaît aussi comme un très important horizon naturel, venant faire écho au miroir de l’horizon marin, à l’exact opposé du département. Les qualités paysagères et plastiques du marais sont également appréciées, de nombreux sites internet, des randonnées photographiques, permettent de diffuser les images dont il constitue le motif. Autour de lui, sur les bords de l’amphithéâtre naturel, se développent les coteaux sur lesquels de nombreuses localités comme Sainte-Marie, Renac, La-chapelle-de-Brain et leurs nombreux hameaux sont implantés. On y trouve de beaux points de vue sur le fond de la boucle.
Le coteau formant le cadre de la boucle est très boisé, renforçant -peut-être un peu trop lourdement- le contraste avec le fond de vallée lumineux (quelques parcelles cultivées sur le coteau ensoleillé donneraient davantage d’articulation au paysage).
Le village dont le clocher parvient à dépasser l’horizon du coteau vient animer le site.
Le point de vue est superbe sur le marais et le cadre de ses coteaux. Au premier plan un verger apporte un motif qui enrichit le paysage, mais les grands conifères imposent aussi une masse disparate et un écran visuel inapproprié.
Le « bec » (note) de Redon
Redon occupe un site singulier, un paysage unique qui, au sein d’un système de reliefs plissés, est formé de la confluence de trois cours d’eau (la Vilaine, l’Arz, l’Oust) créant une plaine alluviale. La ville elle-même occupe les rebords des reliefs en forme de bec donnant sur cette plaine. L’Oust et la Vilaine sont canalisés. En aval, le cours d’eau se confond avec le canal de Nantes à Brest, tandis qu’en amont, la Vilaine, navigable, rejoint la Manche via le canal d’Ille-et-Rance. L’agglomération de Redon et Saint-Nicolas-de-Redon, au carrefour de ces canaux, a développé un port fluvial qui abrite aussi, du fait de la proximité de l’océan, des bateaux de plaisance dont la présence tend à rappeler la proximité de l’Atlantique. Le site de Redon appartient autant à l’Ille-et-Vilaine qu’à la Loire-Atlantique et au Morbihan : le paysage est ici très partagé, les frontières administratives n’y apparaissent pas. Le « bec » de Redon est un paysage remarquable du fait de l’originalité de ses caractères, mais aussi grâce à un point de vue aménagé à Saint-Jean-la-Poterie sur le rebord d’une ancienne carrière qui offre un panorama stupéfiant sur la ville. Redon y apparaît dans son site, comme un paysage où sont lisibles les phases de ses extensions et de la « relation » avec son cadre naturel.
Les fonds de vallée de la Vilaine et de l’Oust se développent au pied du « bec » où la ville prend position, alors que les parties hautes du relief sont boisées. La vaste structure paysagère associant de nombreuses composantes naturelles, agricoles, urbaines, est ici bien lisible.
Les composantes du panorama sont analysées et mises en relation avec la carte et la coupe, exprimant la richesse de la structure paysagère. La ville « apparaît » dans le cadre de son site, que composent les plans visuels du fond de vallée et des reliefs. La lisibilité est cependant affaiblie par les éléments venant occuper le fond de vallée : zones d’activités, peupleraies, contredisent la grande ouverture lumineuse offerte par les cultures et les prairies.
L’écluse au premier plan permet de passer de l’Oust à la Vilaine. Au carrefour, on peut soit remonter la Vilaine vers Rennes, soit poursuivre tout droit pour emprunter le canal de Vilaine jusqu’à La Roche-Bernard et l’Atlantique.
Les motifs des écluses et des canaux organisent dans la ville des perspectives originales, partagées entre les trois départements.