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Analyse paysagère des Vallons de Saint-Thual

Les Vallons de Saint-Thual prolongent l’unité du Bassin de Combourg, de l’autre côté du canal d’Ille-et-Rance. Le relief détermine la structure paysagère : les coteaux au sud, les promontoires et les vallons, et la plaine au nord composent des paysages variés, largement ouverts sur les unités voisines.

La Pomardière, à l’est de Bécherel - Au bord des Collines de Bécherel, vue vers le nord depuis le GR 37 sur le paysage de l’unité composé de vallons, de boisements et de villages sur un socle cultivé.

Carte de l’unité de paysage des Vallons de Saint-Thual

Limites et voisinages

La majeure partie de l’unité de paysage des Vallons de Saint-Thual appartient aux Côtes-d’Armor. Seule sa pointe est se situe en Ille-et-Vilaine. Apparentée au bassin de Combourg, l’unité pourrait en constituer la continuité que le canal d’Ille-et-Rance coupe en deux séquences. Le canal dessine ainsi la limite nord et est de l’unité. La limite est soulignée à l’est par la RD 137. Au sud, elle est refermée par le relief resserré des coteaux des Collines de Bécherel et les boisements qui y prennent place.

Repérage de la coupe

Coupe sud-ouest–nord-est - Les  limites assez franches sont dessinées par le canal au nord, le relief et l’agglomération de Bécherel au sud.

Socle naturel

L’essentiel de l’unité de paysage est constituée par le coteau sud de la vallée du Linon, et l’est de la Donac qui lui confèrent une forme en bassin dans la continuité de celui de Combourg. Les reliefs élevés du sud de l’unité sont issus de la montée des roches du Cambrien, et correspondent aux limites du petit massif granitique des Collines de Bécherel. Il est entaillé par de nombreux ruisseaux, affluents des rivières (ruisseau Fournet en Côtes-d’Armor, de Romoulin en Ille-et-Vilaine…). Les paysages sont caractéristiques des petits bassins « briovériens », aux formes sensibles aux nuances de faciès rocheux. Les sols sont souvent adaptés à l'agriculture mais les composantes reflètent l’état du socle plus ou moins altéré, parfois imperméable, et la présence de taches de limons assez importantes.

 

 

Bloc diagramme de l’unité - Les vallons s’alternent sur le coteau et bordent le canal d’Ille-et-Rance

Motifs et structures du paysage

Une structure paysagère bien lisible

Carte des structures paysagères de l’unité (délimitées par les pointillés) - On distingue le coteau sud, la succession de crêtes et de vallons encaissés, et la plaine au nord.

Le coteau sud

L’unité s’appréhende visuellement dans sa globalité depuis les coteaux sud des Collines de Bécherel. Elles offrent des vues larges et lointaines orientées sur le bassin, éclairées par le soleil au sud, notamment depuis le GR 37 lorsque les boisements permettent le passage du regard.

 

La Pomardière - Le coteau sud offre des panoramas sur l’unité, le regard porte jusqu’au nord du canal.

Les reliefs des Collines de Bécherel sont accompagnés de boisements qui composent un horizon arboré depuis la partie nord de l’unité. Ils la délimitent nettement et font apparaître une frange boisée quasi-continue en arrière-plan.

 

Depuis le nord-est de Trimer - Horizon boisé vers le sud, donnant une sensation d’alcôve aux paysages de l’unité.

Bien qu’appartenant plutôt à l’unité voisine, les bourgs et hameaux du coteau s’inscrivent dans le relief et animent le paysage des Vallons de Saint-Thual. Leurs positions en crête ou dans la pente s’appréhendent depuis l’unité, leurs silhouettes se détachant le long du coteau boisé, composant un motif de paysage et un point de repère des vallons. Les éléments « verticaux » de Bécherel que sont le clocher, l’antenne et le château d’eau sont également des points de repère depuis l’unité.

Silhouette de Bécherel à l’ouest du Longaulnay, et château de Montmuran sur la route des Iffs - Deux points de repère apparaissant comme des motifs de paysage du coteau.

Les « crêtes » et les vallons encaissés

Les routes traduisent bien la succession de vallons et de crêtes associées, et alternent les montées et les descentes, comme la RD 20, transversale.

Vue depuis la RD 20 à l’est de la Baussaine - L’alternance des montées et des descentes traduit le relief de l’unité, et la succession de vallons

Les crêtes composent des promontoires qui s’avancent vers le nord de l’unité, dont les vallons sont plus bas et plus plats. Largement ouverts sur le grand paysage, ils offrent des belvédères et des vues lointaines sur les vallées de la Donac et du Linon. Ils permettent ainsi de comprendre la morphologie du territoire de l’unité et la relation originelle des ruisseaux aux rivières.

Au sud-ouest de Saint-Thual - Les promontoires offrent des vues sur le paysage lointain et permettent sa compréhension. On lit ici la vallée du Linon et la continuité du relief vers l’ouest.

La proximité entre les crêtes et leur succession sur l’unité également bien lisible permet des vues les unes vers les autres. Les haies bocagères et les petits boisements soulignent le relief, et les différentes cultures animent le paysage des coteaux et des vallons tout en offrant une diversité de textures et de couleurs.

Au nord-est de Longaulnay - Vue sur le promontoire de Saint-Thual. Le relief est souligné par les boisements et le paysage est animé par la diversité des cultures.

Le bois de la Fosse au Loup se place en continuité du promontoire de Saint-Thual qu’il surélève de la hauteur de ses arbres. Les routes et les chemins qui le traversent en font un motif central de l’unité dont les franges se distinguent dans le paysage. Il offre aux routes et aux sentiers de belles séquences forestières.

La Croix Bodin - Le bois occupe une place centrale dans l’unité et renforce le relief du promontoire de Saint-Thual. Il compose un motif de paysage et un repère géographique et constitue un horizon forestier depuis les routes limitrophes.

Le bois de la Fosse au Loup - Le couvert végétal confère aux routes et aux chemins qui le traversent de vraies ambiances forestières.

Les vallons, par leur encaissement et par la proximité des reliefs de coteaux, composent des espaces intimes. Leur motif de paysage principal n’est pas constitué par les cours d’eau - de petites tailles au nord de l’unité et cachés derrière la gaine arborée qui les accompagne - mais par les formes et composantes des fonds de vallons eux-mêmes. Les routes qui les traversent offrent des scènes surprenantes de zones humides pâturées ou de parcelles cultivées cadrées par les coteaux.

Au sud de la Baussaine - Les vallons sont visuellement fermés par le relief ou les boisements. Ils procurent ainsi un sentiment fort d’intimité.

Au bord du ruisseau de Romoulin au nord-est de Longaulnay (à gauche), et à l’ouest de Saint-Brieuc-des-Iffs (à droite) - Les fonds de vallons constituent les principaux motifs de paysage. Les ruisseaux ne sont pas visibles et les scènes agricoles qui y prennent place caractérisent les lieux.

Bien qu’aucun itinéraire de promenade ne soit proposé le long des ruisseaux, on peut visuellement lire leur continuité depuis les coteaux. Ils sont matérialisés par une ligne arborée continue dans le creux des vallons entouré de pentes cultivées.

Au sud de Launay-Gérard - Le passage du ruisseau se devine par la gaine arborée au fond du vallon entouré de coteaux cultivés.

La plaine au nord

Le relief perturbé des vallons contraste avec l’horizontalité de la partie nord de l’unité qui apparaît davantage comme une plaine cultivée. Avec une altimétrie cependant plus élevée que celle du canal, elle offre des vues assez lointaine au nord. A l’est, elle est nettement délimitée par la RD 137.

Au nord-est de Trinois - L’horizontalité de la plaine au nord contraste avec les reliefs du sud. Elle est renforcée par les sillons des champs et les lignes boisées en arrière-plan.

Ouverture visuelle au nord-est de Trénois - Le regard porte jusqu’aux pignons blancs des maisons de Pleugueneuc, au nord du canal, qui traduisent un phénomène de mitage.

Le paysage de la plaine, assez arboré, est composé de nombreuses haies bocagères qui cadrent les parcelles cultivées. La succession de plans arborés donne une profondeur au paysage qui se referme au nord de l’unité lorsque les ruisseaux se rapprochent du canal. A sa proximité, les haies bocagères et les bosquets constituent de petites poches boisées.

Au sud de Trimer (à gauche), et au sud de Trévérien (à droite) - Le paysage de la plaine est majoritairement ouvert et constitué d’une succession de plans arborés. Il se referme par poches aux abords du canal.

La plaine apparaît comme une alcôve protégée par les reliefs et les boisements qui apparaissent fréquemment en arrière-plan. Cette sensation est renforcée par leur position au sud et les effets de lumière, ne faisant apparaître qu’une silhouette diffuse au dessus du bocage.

A l’est de la Baussaine, aux abords de la RD 137 (à gauche), et sur la route des Iffs (à droite) - L’arrière-plan boisé du coteau sud donne des allures d’alcôve à la plaine et un sentiment d’intimité. La silhouette des bois est parfois diffuse, les effets d’ouverture évitant ainsi de les rendre « oppressants ».

On trouve au sein de l’unité de nombreuses haies conduites en ragosses. Cette manière particulière de tailler les chênes, caractéristique des environs rennais, est considérée comme un patrimoine historique, naturel, agricole et paysager du département. Les effets graphiques que les ragosses entretiennent avec les champs sont en effet particuliers et caractéristiques. Elles sont surtout mises en valeur au nord de l’unité, où le contraste entre ces éléments verticaux et la planéité des champs anime la plaine et crée des silhouettes surprenantes qui identifient et caractérisent fortement le paysage de l’unité.

Au sud-est de la Roberie - Les ragosses et leurs silhouettes singulières caractérisent fortement la partie nord de l’unité, et plus généralement celle de la campagne rennaise.

A l’est de la Roberie - La confrontation entre l’horizontalité des champs et la verticalité des troncs compose une image forte.  

Le relief plus souple de la partie nord fait également émerger le tracé des ruisseaux, plus larges ici. La gaine arborée est plus lisible qu’au fond des vallons encaissés et semble moins dense. On lit ainsi le passage de l’eau dans les champs, mis en valeur uniquement depuis les routes, au sein d’un paysage plus ouvert.

A gauche, Romoulin au Moulin du Bas, à droite un ruisseau au nord-est de la Baussaine - Les ruisseaux et leurs tracés sont plus constitutifs du paysage au nord et à l’est de l’unité.

Une unité faiblement urbanisée

On trouve relativement peu de bourgs au sein des Vallons de Saint-Thual. Ils prennent majoritairement place le long de la RD 137, aux abords des ruisseaux, et sur les pentes des promontoires. Saint-Thual ne suit pas ces principes, et est situé sur le sommet plat d’un promontoire à l’ouest. Les hameaux, nombreux, sont dispersés. Les centres-bourgs de par leurs teintes, leur regroupement, et leur inscription sur les coteaux assez arborés restent très discrets. Seul Saint-Thual se distingue, en crête, au sein d’un paysage ouvert. La présence de nombreuses maisons en terre (parfois associée à la pierre) constitue l’une des particularités des paysages bâtis de l’unité.

Longaulnay - La proximité des ruisseaux est présente parfois dans les bourg et les villages. L’eau apparaît ici dans un plan mettant en scène l’église.  

Vue sur le bourg de Saint-Thual (à gauche), au Vieux-Bourgs (à droite) - Les bourgs initiaux sont très discrets dans le paysage. Seul celui de Saint-Thual est visible de loin. Les maisons en pierre sont fréquentes au sein de l’unité.

Certains bourgs étant inscrits sur les pentes, ils offrent des vues étendues depuis les sorties de villages, exprimant ainsi la relation de l’urbanisation à son paysage propre.

A la sortie nord de la Baussaine, vue jusqu’à Pleugueneuc - Les bourgs initiaux, situés sur les coteaux, entretiennent de fortes relations visuelles avec leur paysage.

L’urbanisation plus récente du XXe siècle tend à faire perdre cette relation entre le bourg, la ville et le paysage. Certains des nombreux hameaux de l’unité, extensions des bourgs en grappes de pignons blancs, en deviennent les façades les plus visibles.

Pignons blancs dans un hameau à l’ouest de Saint-Thual - Interruption d’une continuité paysagère et étirement des limites d’une urbanisation lâche en campagne.

La RD 137 marque la limite est de l’unité. Visuellement assez discrète, elle est intégrée par une haie au vocabulaire bocager environnant sur sa quasi-totalité. Les points de franchissement, notamment les ponts marquent ponctuellement le paysage des routes qui la coupent, ainsi que les sorties de Saint-Domineuc, Tinténiac, et Saint-Symphorien où les nombreux panneaux créent un fort contraste avec le caractère rural alentour. La présence sonore de la RD 137 est par contre bien marquée sur toute la frange est de l’unité où le bruit des voitures est constant.

A l’est de la Roberie - Intégration végétale et discrétion de la RD 137 dans le paysage, qui se signale tout de même par son bruit, aux entrées, et depuis les ponts.