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Le paysage des espaces naturels

La perception et le contact avec les éléments de nature constituant une dimension essentielle du paysage sur les côtes et dans les espaces naturels, une synthèse est à rechercher entre protection de l’environnement et lien avec les populations.

Paysage de nature

Le mot paysage est associé au sentiment de nature, même s’il recouvre une plus vaste appréhension du territoire. Ressentir la nature, se sentir soi-même en contact avec elle et faisant partie des êtres qui la composent, constitue un aspect essentiel du paysage et des actions entreprises pour sa qualité. Le paysage des espaces naturels implique la protection des éléments de nature quand ils sont menacés, leur appréhension sensible par l’accessibilité et les modes de jouissance, ainsi que les représentations qui y sont liées.

La mer, un horizon de « première nature » à entretenir

Saint-Briac, la promenade du golf - Le lieu exprime fortement le sentiment de nature, unissant à la mer des espaces naturels sur la terre, ici au bord de la plage et à l’horizon, avec la pointe de la Garde-Guérin, espace naturel sensible.

L’Ille-et-Vilaine bénéficie, avec la mer, d’un précieux horizon de nature. C’est en effet, avec la montagne, un des rares espaces qui n’aient pas été que peu transformés par les entreprises humaines.

Avec le développement du tourisme balnéaire depuis le XIXe siècle, le littoral est également aménagé pour bénéficier au mieux de cette présence, sous forme de diverses expériences très appréciées : la promenade (le chemin des douaniers est une randonnée très prisée), la baignade, le bateau, la plongée… Les représentations se sont dans le même temps multipliées, le tout faisant du littoral un ensemble de paysages d’une grande notoriété, reconnus et abondamment pratiqués.

En permettant le maintien de côtes non bâties, la loi littoral, les acquisitions du conservatoire du Littoral et celles du Conseil général au titre des espaces naturels sensibles, renforcent le sentiment de nature de la mer en lui associant des éléments naturels à terre, ainsi que des espaces cultivés. La qualité du paysage reste un projet constant. Le développement des promenades (à pied, à vélo, à cheval) contribue ainsi à renforcer le lien des populations à cet horizon essentiel, comme par exemple la voie verte pour la baie du Mont-Saint-Michel.

Dinard, plage de Port-Salut - Accéder à la mer par la promenade, s’en approcher sur la plage, admirer l’horizon et le passage des bateaux, contribuent à l’agrément de la station balnéaire et des services « paysagers » qu’elle procure.

La qualité et l’équilibre des perceptions passent également par la gestion des espaces côtiers non urbanisés. La présence des voitures et des camping-cars peut en effet poser problème et « entacher » la qualité de l’ambiance naturelle. La gestion des dégagements visuels est très importante, permettant de percevoir tant la mer que des premiers plans de terre. La présence des cyprès de Lambert, abondamment plantés au XXe siècle, peut être interrogée, à la fois pour les obstacles visuels qu’ils instaurent, mais aussi en raison de leur échelle parfois écrasante qui peut minimiser celle des falaises naturelles.

Saint-Coulomb, pointe du Meinga - Le stationnement des voitures et des camping-cars en saison peut affaiblir la qualité paysagère de la pointe et appeler une gestion spécifique.

Saint-Coulomb, pointe du Meinga, vue sur la Touesse, photo-montage - L’image présentée ici est un montage : les cyprès ont été effacés, de sorte à mieux révéler les ouvertures visuelles, la présence des cultures, et l’échelle des falaises.

Saint-Coulomb, pointe du Meinga, vue sur la Touesse, état actuel - Le rôle des cyprès peut être interrogé dans cet épisode où la mer et les cultures sont en continuité : obstacles visuels, échelle importante, zones sombres…

Saint-Coulomb, camping de la Guimorais - Dans ce cas, les cyprès permettent d’abriter les mobile-home, de leur apporter de l’ombrage, et de minimiser leur impact visuel.

La nature en paysages

Sougéal, le marais - Le marais est un milieu précieux. Il offre un des paysages marquants de la vallée du Couesnon et une ambiance singulière dont les qualités plastiques reposent en particulier sur la lumière et sur les matières des prairies et des roselières.

Les espaces naturels sensibles : des paysages pour les Bretiliens

La mer n’est pas le seul motif de nature pour le département : les espaces naturels sensibles (ENS), dont le Conseil général a la maîtrise et la gestion, recouvrent une importante variété de milieux et donc d’ambiances paysagères, tels que les marais, les tourbières, les landes, les forêts…

Le rôle de ce dispositif est autant la préservation de la nature, que d’en permettre l’expérience et le contact, constituant leur dimension paysagère. Ces espaces sont ainsi présentés sur le site internet du Conseil général comme « les plus belles balades du département », associés intimement aux usages de loisirs. Les aménagements et la gestion visent ainsi la synthèse des objectifs de conservation et de pratiques par le public. Il faut souligner l’importance des espaces ouverts à la lumière, marais, landes et prairies, voire cultures, dont la gestion assure tant la variété et la richesse des milieux, que les dégagements visuels.

Une importante communication accompagne la visite des ENS qui porte essentiellement sur la pédagogie de l’environnement. Un des intérêts de ces espaces, à développer dans la communication et les représentations, est d’associer à la nature des éléments liés à l’économie agricole (comme les oies du marais de Sougeal), ou à la culture (les alignements de Cojoux, la peinture sur les pointes du littoral…).

Cojoux, les mégalithes, espace naturel sensible des landes de Cojoux - On ressent à Cojoux une belle émotion, qui associe à la lande dégagée le monument qui relie aux très anciennes populations ayant vécu ici.

Panneaux à la Garde-Guérin et au marais de Gannedel - La pédagogie et l’information sont associées aux espaces naturels protégés et gérés. Principalement dédiés aux questions environnementales, les messages peuvent également contribuer à la reconnaissance des éléments historiques, économiques, culturels, et contribuer à la construction d’une reconnaissance paysagère.

Protection de la nature et lien paysager

Saint-Jacques-de-la-Lande, le parc du Blosne, Bruel et Delmar, paysagistes - Le parc se développe le long du lit du ruisseau et intègre les zones humides, ainsi associées au cadre de vie de la population. Cet aménagement a reçu le grand prix zones humides en milieu urbanisé en 2013.

La protection de l’environnement a suscité des mesures dont l’incidence peut être analysée sous un angle paysager. La protection des zones humides a notamment de très importantes incidences sur les projets de territoire : les périmètres inventoriés sont très importants du fait de la nature des sols, contraignant très fortement de nombreux projets urbains.

Des cohérences sont ainsi à rechercher entre les objectifs de protection des zones humides et ceux visant un moindre étalement urbain, de même que le statut et les usages des espaces sont à articuler entre protection de l’environnement et pratiques des populations riveraines. Certaines de ces zones humides se retrouvent en effet directement inscrites dans l’espace urbain qui se développe autour d’elles.

Saint-Lunaire, zone humide de Clos-Loquen, projet de la ZAC Clos-Loquen - La zone humide a été répertoriée en plein milieu du projet de développement urbain, suffisamment en amont des études pour pouvoir être intégrée au projet. Elle y compose une pénétrante naturelle, articulée aux horizons de campagne. Le passage de la voie a été fixé au site de moindre impact.

La protection de la qualité de l’eau instaure également les bandes enherbées le long des rivières, un motif reconnaissable qui s’est inscrit dans les paysages, et qui pourrait, notamment à proximité des secteurs urbanisés, accueillir des pratiques de promenade.

Bord de rivière - Souvent invisible et inaccessible, le réseau des rivières pourrait trouver une place plus importante dans les perceptions et les pratiques, notamment grâce aux bandes enherbées.

Le développement de la trame verte et bleue peut impliquer de restaurer le caractère naturel des cours d’eau, et dans certains cas, mettre en question l’existence de plans d’eau, de barrages et de moulins, alors même que ces motifs sont partie prenante du caractère paysager et des usages.

Les plans d’eau sont en effet un des traits marquants de l’Ille-et-Vilaine, et leur présence est à considérer non seulement du point de vue environnemental, mais aussi du point de vue culturel et identitaire, d’autant qu’il n’est plus possible d’envisager la création de nouveaux plans d’eau.

Vitré, plan d’eau de la Cantache - Comme de très nombreux plans d’eau en Ille-et-Vilaine, celui-ci offre aux habitants un paysage plaisant, identifiable, et un objectif de promenade.