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L'agglomération de Vitré

Implantée sur une ligne de crête, la ville ancienne dialogue avec son site « naturel » et fait face à la vallée, dans une posture ouvertement défensive. Profitant d’un versant peu marqué orienté au sud, la ville s’est développée de manière agglomérée, insérant la trame bocagère dans son tissu urbain. L’urbanisation du versant nord de la Vilaine, plus tardive, met en exergue l’enjeu des co-visibilités entre tissus et de protection des vues patrimoniales.

Vitré, panorama depuis les Tertres Noirs - Le château et la ville close dominés par l’église Notre Dame s’inscrivent sur une ligne de crête dominant la vallée de la Vilaine. Les toits y dessinent une frise de pointes successives qui se découpent en silhouette. Au premier plan, le faubourg du Rachapt assure la jonction entre la ville close et le coteau nord de la Vilaine. La silhouette d’une chapelle, point de repère du quartier, sort de la masse bâtie.

Carte de la sous-unité paysagère de Vitré

La ville et son site

Vitré est situé sur un rebord de plateau dominant la vallée de la Vilaine. Cette position occasionne des effets de découverte de la ville, notamment depuis le fond de vallée ou le coteau du nord. Le vaste plateau du sud constitue le principal support du développement urbain de la ville close.

Coupe du nord au sud de l’agglomération de Vitré - La vallée de la Vilaine incise le plateau de Vitré et constitue l’élément majeur de la structuration du paysage urbain.

La vallée de la Vilaine, un ancrage paysager majeur

Plusieurs séquences paysagères de la Vilaine, agro-naturelles ou urbaines, valorisent le site et la ville. Toutefois, la lisibilité de la vallée tend à s’effacer à l’ouest, en raison du développement d’équipements et d’activités à flanc de coteau.

Le cours de la Vilaine, en amont de Vitré - Jusqu’à la porte de Vitré, le fleuve s’insère dans un espace agro-naturel où alternent étangs, bois et champs cultivés. Toutefois, le long de la RD 777, au niveau d’un passage au-dessus de la Vilaine, s’est développé un lotissement à flanc de coteau, rompant partiellement cette séquence paysagère.

Le cours de la Vilaine, dans le centre de Vitré - Dans sa portion « urbaine », le rebord du plateau étant plus abrupt, les boisements s’insèrent sur les coteaux. La moindre déclivité du plateau vers la vallée a permis la constitution du faubourg du Rachapt sur ce point de passage. Les deux versants du plateau se sont urbanisés au fil du temps.

Vues depuis les remparts de la ville close - Le faubourg du Rachapt (à droite), point de passage sur la Vilaine et maillon du développement urbain du Moyen Age, est un des paysages caractéristiques de Vitré.
Le vallon est occupé par des boisements à flanc de coteau et des jardins ouvriers en fond de vallée (à gauche).

L’encaissement de la vallée de la Vilaine génère des covisibilités remarquables et pittoresques entre la ville et son espace environnant, notamment depuis le nord. Aux abords de la ville, au niveau du Pré des Lavandières, la vallée se transforme en coulée verte, un espace vert aménagé. Elle permet de distinguer la silhouette emblématique de Vitré avec ses principaux points de repères, tels que le château, l’église Notre Dame et l’Eglise Saint-Martin.

Vue de l’église Saint-Martin depuis le coteau nord - La rue de Fougères offre des perspectives sur la ville close. L’écrin de verdure des coteaux met en scène la vieille ville sur son promontoire.

Panorama sur le coteau nord depuis la ville close - La vallée de la Vilaine, occupée par des jardins, prairies et boisements sur ses flancs, procure des vues sur le plateau nord marqué par l’urbanisation.

Le motif militaire au cœur du processus de construction du paysage urbain

Situé sur l’axe Rennes-Le Mans, le site est pourvu d’une collégiale et de plusieurs églises associées à des foyers de peuplement formant des villages distincts : Saint Martin, Le Viel Bourg, Sainte Croix et Le Rachapt. Au XIe siècle, l’implantation d’un château en pierre sur un éperon rocheux dominant la vallée de la Vilaine et la plaine marécageuse marque les prémices de l’épopée urbaine de la ville de Vitré.

Château de Vitré - Le début du XIe siècle voit l’implantation d’un premier château en bois sur une motte castrale, le coteau Sainte-Croix, qui sera détruit lors des invasions. Au milieu du XIe siècle, le baron de Vitré, Robert Ier, fait édifier, sur un site plus stratégique, un nouveau château de pierre.
Source : chateauxmedievaux.com->http://www.chateauxmedievaux.com/chateau-vitre.php

 

Plan cadastral de 1811 - Le bourg ancien se développe « naturellement » autour du château, à l’intérieur des remparts. Au niveau des trois portes, le long des axes de communication desservant la ville close, des faubourgs se sont développés à partir du XIe siècle.
Source : GLAD, Immatriculation 09_35_05375_NUCA

Le développement du pouvoir local provoque une réorganisation de la population et la structuration d’une ville close autour du « Viel Bourg » et de l’église Notre Dame, encerclée par des remparts et fossés. En parallèle, des faubourgs se constituent principalement autour des portes d’En Bas et d’En Haut, dans le prolongement des rues du Rallon et de Paris. La mise en valeur et la protection du patrimoine urbain et paysager autour du secteur sauvegardé a permis à Vitré l’obtention du label « Ville d’art et d’histoire » en 1999.

Vitré, la rue sinueuse de la Beaudrairie - Les maisons à pans de bois témoignant du passé de la ville construisent un paysage spécifique.

Vitré, le faubourg Sainte Croix depuis la rue de Rennes - La perspective sur la ville depuis le fond de vallée procure d’autres vues caractérisant la ville. Les silhouettes du château et de l’église Sainte-Croix dominent le vélum constitué par le faubourg.

Les paysages de la restructuration urbaine du XIXe siècle

Au XIXe siècle, l’arrivée du chemin de fer et la construction de casernes dynamisent la ville. La destruction des fortifications du sud et le percement de voies dans la ville close, notamment la rue Garengeot, restructurent le tissu urbain médiéval. La ville s’ouvre vers le sud sur la gare construite en 1855 et devient un nœud ferroviaire important vers Rennes, Paris, Fougères et la Guerche-de-Bretagne. Les emprises ferroviaires créent d’importantes coupures urbaines. La réalisation de « pénétrantes» comme la rue de Brest ou le boulevard de Châteaubriant, entérine la mutation urbaine de la ville et permet le franchissement des voies ferrées.

Voie ferrée, rupture du tissu urbain - L’emprise ferroviaire scinde le tissu urbain de Vitré en deux entités distinctes : au nord, la ville close au sud, le faubourg de l’ancienne caserne et du jardin des plantes, les développements urbains linéaires de la route de Laval,  et les extensions résidentielles plus récentes.

Emprise ferroviaire, élément de rupture dans le paysage urbain

La construction d’une caserne militaire, accueillant le 70e régiment d’infanterie, et l’implantation du Jardin des plantes, achevé en 1867 par Georges Aumont, marquent le début du développement de la ville au sud de l’emprise ferroviaire.

Jardin des plantes ou Jardin du parc, un espace vert qui aère le tissu urbain

A partir des années 1950, l’explosion urbaine du sud de Vitré

La commune a connu une forte croissance démographique à partir des années 1950 qui s’est traduite par une extension urbaine importante, principalement sur le plateau au sud de la ville close. De vastes lotissements, crées entre les axes structurants, et quelques opérations d’habitat collectif, comme le quartier « Maison rouge » ont redéfini les paysages du sud de l’agglomération.

Vitré, photos aériennes de 1949 et 1990 - Au nord, la densification progressive autour de la rue de Fougères s’intègre dans l’espace agro-naturel, tandis qu’au sud, les développements résidentiels transforment les paysages et le bocage. La rocade marque une limite urbaine, déjà franchie par endroits.
Source : Géoportail

Vitré, quartier de la « Maison rouge » - Habitat social sous forme de plot.

Lotissement entre la voie ferrée et le boulevard de Laval

La rénovation d’une friche industrielle offre l’opportunité de créer une interface urbaine

Aujourd’hui, la ville s'étend principalement sous forme de quartiers pavillonnaires et de zones d'activités en périphérie. Le centre-ville et ses faubourgs anciens, couverts par un secteur sauvegardé, sont sujets à un processus de renouvellement urbain sous forme de petits immeubles intégrés dans les tissus anciens. Vitré développe aujourd’hui un nouveau vocabulaire urbain qui établit un dialogue entre les quartiers récents et le tissu urbain existant, notamment sur le secteur du Parc. De nouvelles formes urbaines apparaissent avec de l’habitat plus dense que les lotissements créés précédemment.

ZAC du Parc, au sud du Jardin des plantes - La ZAC s’inscrit dans un tissu urbain déjà constitué au sud de la ville.
Source : Architecte/urbaniste Lebunetel

Quartier de la Héraudière, au sud de la rocade - La noue et les cheminements structurent ce quartier résidentiel.

Un ensemble de ZAC importantes est programmé. Avec plus de 250 logements, la ZAC Roncinière située sur le boulevard de Laval propose une densification du tissu urbain à l’extérieur de la rocade. Prévue sur 28 hectares, la ZAC des Ormeaux marque un changement de politique d’urbanisation et un rééquilibrage du territoire avec le développement important du plateau nord (600 logements prévus) déjà partiellement engagé avec l’opération Emile Zola. Cette opération d’ampleur va s’inscrire sur un site conscrit à l’intérieur de la rocade et bénéficiant de vues sur la vieille ville. Un des enjeux sera de préserver la covisibilité existante entre ce nouveau quartier et son environnement paysager. Le PLU approuvé en 2006 prévoit de maintenir une coulée agro-naturelle dans le cadran nord-ouest de l’agglomération, permettant de créer une continuité paysagère entre la vallée de la Vilaine et le plateau nord.

Photo de gauche, sur le rebord gauche de la haie, la vieille ville apparaît. La limite de la coulée agro-naturelle du coteau nord, sur le secteur Emile Zola, correspond  au cône de visibilité sur la vieille ville. Cet espace agro-naturel a pour objectif de maintenir la perception d’un château en position défensive, faisant face aux prairies « par où l’Anglais viendra »*. *Jean Michel Germaine, Architecte des Bâtiments de France.

L’effet des infrastructures sur la lisibilité de l’interface urbaine/rurale

Le développement résidentiel important s’est accompagné d’un développement économique, traduit spatialement par un ensemble de zones d’activités construites autour de la ville. La création de la rocade marque la rupture entre l’espace urbain et les zones cultivées. D’un côté, des talus plantés laissent parfois apparaître les toitures des extensions résidentielles. De l’autre, l’espace agro-naturel est structuré par des haies bocagères. Deux vocabulaires paysagers se côtoient, sans qu’un réel dialogue ne soit instauré entre les deux rives.

La rocade ouest, vue depuis la route de Pocé-les-Bois - Jusqu’à il y a peu, la ville avait peu investi ce plateau. Le secteur Emile Zola s’y développe aujourd’hui. La végétation à venir, implantée en premier plan, atténuera l’impact des architectures dissonantes.

Au sud et à l’est de l’agglomération, la voie de contournement se transforme en boulevard urbain et est intégrée dans le tissu de la ville. Entre zone d’activités et logements, les rives constituent la vitrine d’une ville accessible et paysagée. Le développement entre les échangeurs de Rennes (RD 777) et Laval (RD 857) s’est accompagné d’une diffusion du bâti d’activité et résidentiel, qui qualifie les entrées de ville.

La rocade sud - Un boulevard urbain qui butte à l’est sur la vallée de la Vilaine et la voie de chemin de fer.

Entrées de villes sur les axes du sud

L’attractivité de la voie express Rennes-Paris et une topographie plus favorable contribuent à orienter le développement urbain et économique sur la partie sud de l’agglomération. Les entrées de villes correspondent à des secteurs urbanisés au-delà de la rocade, le long des axes structurants. La lisibilité paysagère des entrées sud est rendue moins aisée compte-tenu de la dispersion du bâti et de l’étalement des zones d’activité, le long de la route de Laval notamment. Les derniers aménagements sur cet axe tendent à fonder une limite plus lisible. Au sud, l’amorce du tracé de la voie de contournement sud, laisse penser que la limite sud va évoluer.

Le parc d’activité de la Baratière - Etablie sur 21 hectares, cette zone, principalement commerciale, proposant une mutualisation du stationnement, appose son empreinte paysagère sur une des entrées de ville, celle de la route de Janzé.
Source : Google Street View

Vue sur le boulevard de Laval

Parfois, les vues lointaines ponctuées de marqueurs urbains permettent de repérer les entrées de la zone agglomérée.

Vue depuis la route de Pocé-les-Bois - L’entrée de ville ouest est bien délimitée. Le lycée, l’hôpital et les abattoirs constituent le premier plan du panorama. Au loin, la silhouette de la vieille ville apparaît, marquée par ses clochers et son château. Un coteau boisé masque les développements urbains du plateau sud.