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De l'eau et des forêts

De nombreux étangs ponctuent et accompagnent les paysages ruraux du département. Leur présence dans le paysage y est proportionnellement plus intense que celle des nombreuses rivières qui jalonnent le territoire. Autre élément de nature, les forêts participent peu aux vues d'ensemble et se révèlent surtout porteuses d'ambiances et de cadre de vie.

Des étangs qui font caractère

Les étangs sont nombreux dans le département, et répartis sur l’ensemble du territoire. Souvent visibles, ils forment des « lieux » spécifiques, et apportent, même loin des rivages, des « paysages de berges » dans lesquels la présence de l’eau joue un rôle majeur.

Carte du réseau hydrographique - La présence des étangs et des plans d’eau est notable sur tout le territoire.

Le rôle paysager des plans d’eau est multiple : l’élément naturel participe de la perception, et il exerce toujours un pouvoir, une concentration du regard, il provoque un sentiment de qualité du lieu, sans doute associé aux besoins vitaux de l’Homme. Le plan d’eau ouvre un dégagement visuel qui vient « mettre en scène » le site dans lequel il s’inscrit : les composantes (coteaux cultivées, arbres, bâtiments…) s’organisent sur les berges, s’y reflètent parfois, offrant à l’observateur une vision qui combine entre eux divers éléments. Le ciel est plus présent, son reflet lumineux augmente sa présence sensible, et parfois le dégagement offre des vues sur de plus lointains horizons. Surtout, le motif de l’étang et sa capacité à « fédérer » les éléments qui l’environnent en paysage, sont à l’origine de très nombreuses représentations, qu’il s’agisse de la peinture de paysage, de la photo, du cinéma. Dans les jardins eux-mêmes, que l’on peut considérer comme des représentations paysagères, les étangs trouvent fréquemment leur place de « pièce centrale » : la pièce d’eau, l’étang, constituent ainsi un des éléments les plus « motivants » que l’on peut rencontrer et fréquenter. Très logiquement, les sites d’étangs accueillent souvent des activités de loisirs : pêche, promenade, sport, plage, confirmant le rôle plaisant de ces motifs. Dans la région d’Iffendic, ils sont également le lieu d’une manifestation culturelle, les « Étangs d’Art ». Selon le cadre dans lequel ils s’inscrivent, les plans d’eau contribuent à des paysages aux ambiances diverses, mais ont toujours un rôle de focalisation.

Étangs de campagne

Étang de la Cantache à Montreuil-sous-Pérouse - Les versants cultivés sont « fédérés » par le plan d’eau central, qui apporte lumière et dégagement, et qui surtout réfère à de nombreuses images de paysage idéal.

Retenue de la Vilaine en amont de Vitré - Depuis une rive, l’autre rive et le versant qui la prolonge apparaissent valorisés par le plan d’eau au premier plan, dans lequel se reflète la couleur du ciel.

Étangs de forêts

Beaucoup d’étangs s’inscrivent dans un cadre forestier, ou s’entourent de végétation, offrant l’ambiance d’une clairière d’eau.

Étang du Pas du Houx - La forêt de Paimpont forme le cadre du plan d’eau, véritable clairière dans la forêt. Sur ses berges, les villégiatures ont des allures de relais de chasse, inscrits dans des compositions de jardins anglais ouverts sur l’étang.

Étang de Beaufort - Dans le secteur de l’abbaye du Tronchet, un des étangs dont la surface semble creusée dans la matière boisée qui l’environne.

Étang de Carcraon - Les berges boisées viennent limiter l’espace visuel de l’étang, cependant les effets de plans successifs restent spectaculaires, la nappe d’eau créant un espace de lumière entre deux plans sombres de végétation. L’étang est utilisé pour la pêche.

Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine - Dans le marais noir, le plan d’eau ouvre une perspective, un accès visuel dans un paysage secret.

Étangs de rochers

Certaines retenues, en particulier d’anciennes carrières, associent dans un même paysage un plan d’eau et une paroi rocheuse : l’association de ces motifs crée des paysages dans lesquels les éléments de nature ont une grande intensité.

La Chapelle-Bouexic - Le dégagement visuel de l’étang valorise la présence de la crête rocheuse à l’horizon.

Étang de Cojoux - La paroi rocheuse domine le plan d’eau, le site s’inscrit dans la continuité des landes et des mégalithes de Saint-Just.

Étangs de villes

Dans certains cas, les étangs viennent valoriser l’apparition des villes. Ils participent alors à l’apparition paysagère des localités, offrant un premier plan et des effets de reflets très valorisants. Ils peuvent aussi apporter aux habitants des usages de loisirs.

Combourg - L’étang joue un rôle essentiel dans la dimension paysagère du site, et crée un cadre très valorisant pour la découverte du château et de la ville, à l’exception de la haie de peupliers qui occulte la présence de l’église et concurrence le château.

 

Cesson-Sévigné

Parc des Gayeulles à Rennes

À Cesson-Sévigné, le lit de la Vilaine est creusé de nombreux étangs, offrant de nombreuses scènes comme celle-ci, et un cadre pour les promenades des habitants. Sur la photo de droite, un vaste plan d’eau contribue à la qualité du parc, dont la composition reprend les principes des jardins anglais visant à créer le cadre d’une « campagne idéale ». Ici, au fond de la perspective, un des équipements joue le rôle d’une fabrique et accueille des manifestations sous son grand auvent.

Étangs d’art et de plaisir

Étang de la Chambre au Loup - Une œuvre toute simple vient attirer l’attention sur cet espace situé juste au-dessus du plan d’eau, là ou glisse le regard, au plus près des reflets…

Étang de Boulet - Une plage au bord de l’étang attire les populations du secteur, dans le registre des bains de mer, mais dont l’horizon est fait de forêt et non de large.

Des rivières discrètes

Alors que leur présence physique est importante, les rivières n’apparaissent pas si souvent dans les paysages. La Vilaine, l’Ille et la Rance bénéficient d’une accessibilité qui leur permet d’être perçues et appréciées. Cependant, pour les autres rivières, les berges accessibles sont peu nombreuses en dehors de leurs portions navigables, y compris pour la Vilaine en amont de Rennes. En outre, les fonds de vallées sont le plus souvent occupés par d’importants volumes de végétation arborée qui tendent à « enfouir » la vision des cours d’eau dans leur masse. Les rivières ne sont alors visibles que dans certains cas, lorsqu’une portion de route ou de chemin les longe ou les traverse, et lorsque la végétation est suffisamment dégagée pour permettre au regard de la traverser. Ces cas sont assez rares, et bien souvent, les cours d’eau ne sont que trop peu perçus malgré leur présence physique dans le territoire.

Canal d’Ille-et-Rance dans le secteur de Livré-sur Changeon

Cesson-Sévigné

À Cesson-Sévigné, dans le parc de la mairie, ce joli ouvrage offre un accès ponctuel à la berge du ruisseau, tel que l’on peut en trouver dans de nombreuses propriétés. A l’instar de nombreux cours d’eau du département, le long de ce ruisseau, l’approche paysagère est limitée à quelques stations très ponctuelles.

Marais de Sougéal

L’Aff depuis la RD 55

Au marais de Sougéal la rigole anime le fond de vallée ouvert et lumineux, offrant un motif aux marais. Sur l'image de droite, la rivière est agréablement visible depuis le franchissement, elle apparaît dans la lumière de la prairie en fond de vallée. Le cours d’eau y est particulièrement agréable à regarder, avec les motifs de rochers dans le fond du lit, et les bruissements qui l’accompagnent.

Rigole dans le marais de Dol - La présence du cours d’eau contribue à la compréhension du paysage et du rôle crucial qu’il y joue.

Vallée de la Veuvre, à l’est de Livré-sur-Changeon - Depuis le même point de vue, la vallée offre deux visages bien différents : à droite, le fond de vallée est occupé par des peupleraies et des fourrés, à gauche il est dégagé, offrant une vision de continuité de la vallée. On peut même deviner le cours de la rivière.

Dans le secteur de Livré-sur-Changeon

Alors même que la rivière n’est pas visible, le paysage est cependant marqué par les éléments qui l’accompagnent : la bande enherbée dans le champ cultivé, et les arbres de ses berges. La fermeture visuelle, l’invisibilité de l’eau, affaiblissent la qualité paysagère du site.

Le ruisseau des Bruères, un affluent du Semnon, vers la Bosse-de-Bretagne - Le cours d’eau ne se remarque pas lorsque la route le franchit : la végétation s’est développée sur les berges.

Place de la République à Rennes - Le cours de la Vilaine est couvert : la rivière n’apparaît pas, elle est cachée sous l’espace central de la ville.

Les forêts : paysages surtout intérieurs, horizons de nature

De nombreux massifs forestiers ponctuent le département, et qualifient certaines de ses unités paysagères comme le Massif de la forêt de Paimpont et les Collines de Saint-Aubin-d’Aubigné. Malgré leurs emprises notables sur les cartes, les forêts ne sont que rarement visibles dans leur totalité. Elles sont perçues par endroits comme un horizon boisé. Parfois, elles apparaissent sous la forme d’une lisière qui se détache sur le dégagement des cultures, et le paysage est alors enrichi par la vision simultanée de divers motifs. Les situations de lisières ne sont cependant pas identifiées comme des moments de valeur. Quand elles sont accessibles, les forêts se présentent « de l’intérieur ». Il faut s’engager pour en apprécier les paysages. La forêt recèle aussi une dimension imaginaire très forte, celle de la vie sauvage. Elle abrite les bêtes que l’on chasse et que l’on protège, et qui symbolisent la nature première. De nombreux contes l’associent dans l’imaginaire à une certaine crainte : celle de se perdre ( Le Petit Poucet), celle de faire de mauvaises rencontres (Le Petit Chaperon rouge), mais aujourd’hui elle est surtout associée à l’idée même de nature. Bien que les forêts soient gérées, fassent l’objet de cultures, de plantations, d’abattages, elles restent pour beaucoup le lieu même de la nature sauvage où, paradoxalement, on va cependant volontiers se promener, ramasser des champignons… A côté des villes (notamment Rennes et Fougères, dotées de forêts de proximité), elles offrent aux habitants un accès direct à la nature qu’elles symbolisent. Les deux paysages antinomiques, l’un très civilisé, l’autre sauvage, valorisent leurs contrastes en se côtoyant.

Saint-Germain-du-Pinel - Le village apparaît ici devant le plan visuel que lui compose la crête boisée à l’horizon.

Un lotissement en construction entre le village de Saint-Germain-du-Pinel et la lisière - La perception de la forêt sous la forme de la lisière peut être perdue si la situation de lisière n’est pas considérée comme un paysage de valeur.

A l’ouest de La Bouëxière - Dans un secteur où les forêts sont nombreuses, mêlées aux cultures, et où les reliefs offrent des vues, le paysage (peu fréquent dans le département) est dessiné par les lignes des lisières, et par la présence des horizons boisés.

Entrée dans la forêt à la sortie de l’agglomération de Fougères - Le passage se fait directement de la rue à la forêt, sans apparition de la lisière : la matière des arbres succède à celle des façades.

Entrée dans la forêt à la sortie de l’agglomération de Fougères Le passage se fait directement de la rue à la forêt, sans apparition de la lisière : la matière des arbres succède à celle des façades.

Forêt de Rennes

Forêt de Saint-Aubin-du-Cormier

Sur l'image de gauche, le paysage est défini par les allées qui ouvrent, dans la masse de la végétation, à la fois une percée visuelle et un parcours. Les allées sont droites le plus souvent pour permettre à l’œil de pénétrer la forêt, et percevoir le gibier quand il surgit. Sur l'image de droite, la matière forestière n’offre pas réellement de dégagement, ni de moyens de se repérer, ce qui peut réveiller le frisson de crainte apporté par les contes.