Haut de page

Articuler l’urbain aux sites d’implantation

Les localités, à toutes les échelles, tirent une grande part de leur personnalité du site dans lesquelles elles sont implantées. La qualité d’un paysage urbain repose ainsi sur l’identification du site formé par la « charpente naturelle », de ses limites, de sa cohérence, et sur les dispositions permettant d’en renforcer la présence sensible.

Identifier les structures du site

Les reliefs, les cours d’eau, les lignes du bocage, les boisements, construisent des « charpentes naturelles ». Quand l’urbanisation s’appuie sur ces structures, le paysage gagne en cohérence : la ville, le bourg forment un tout avec le site naturel, leur union procédant en outre d’une histoire spécifique. L’analyse de cette structure vient éclairer le projet urbain, en complément des autres approches (économique, démographique…), et permet de confirmer l’identité propre des localités. La forme des reliefs, la présence des cours d’eau et des forêts, celle du bocage, des cultures et des pâturages, composent autant de composantes qui caractérisent les sites d’implantation des bourgs et les villes.

Les interactions de ces éléments naturels avec les formes de l’urbanisation peuvent contribuer à la qualité paysagère apportée aux habitants :

  • Les éléments naturels (les reliefs, les cours d’eau, les lignes du bocage, les forêts…) peuvent constituer des limites, qui « contiennent » un lieu. Si elles sont débordées par l’urbanisation, la localité peut perdre une part de son identité et de sa lisibilité.
  • Les continuités de motifs de nature : les cours d’eau, les formes de vallée, les rebords des reliefs, par exemple, offrent une belle référence au site naturel et organisent par essence des continuités avec le contexte naturel.
  • La maille bocagère, accompagnée par les chemins ruraux, s’applique sur le parcellaire lui-même déterminé par le relief, et compose une structure à identifier non seulement comme patrimoine, mais aussi comme une composante forte du projet urbain, tant pour définir des limites que des continuités.
  • Les boisements : la proximité d’un bois ou d’une forêt appelle également certaines dispositions, comme la préservation d’un dégagement permettant la perception de la lisière, ou l’identification des axes de composition des allées forestières.

Bloc-diagramme, enjeux des sites « en creux »

Bloc-diagramme, enjeux des sites « en crête »

Composer les tissus et l’espace public avec la structure naturelle

L’identification des structures naturelles n’est pas seulement destinée à la protection des motifs identifiés. Il s’agit surtout de combiner le projet urbain à leur présence, de sorte qu’ils viennent composer un ensemble, un tout cohérent.

De nombreuses dispositions permettent d’inscrire ainsi la structure naturelle dans l’espace urbain vécu, et de le composer en intelligence avec les motifs de nature :

  • Les « façades » sur le paysage agro-naturel : l’identification d’un front urbain assumé, ouvrant ses fenêtres délibérément sur un horizon de nature, est à la base de l’urbanisation des stations balnéaires. Ce dispositif est également à l’œuvre dans les structures de quais urbains au bord des rivières mais peut également s’envisager en vis-à-vis d’une lisière forestière ou d’un beau paysage agricole.
  • Les espaces publics tissés avec le site : le rôle du réseau des espaces publics est essentiel pour inscrire les structures naturelles dans les usages des habitants. Les chemins donnant accès aux cours d’eau, aux lisières, au réseau bocager, aux limites de la ville donnant sur les paysages ruraux, contribuent fortement à la construction d’un paysage urbain dont le site naturel est sensible. Le dispositif peut se compléter avec le positionnement de certains équipements (équipements sportifs, jardins partagés, prairies multi-usages), ou bien encore d’espaces publics urbains délibérément ouverts sur le cadre naturel (place publique en bord de ville, ou perspective).
  • Le réseau paysager comme lien territorial : le zonage fonctionnel a parfois morcelé le territoire des villes, séparant dans les ambiances et les usages le centre-bourg et les périphéries, les zones d’habitat et les secteurs d’activité ou les grands équipements publics. Un réseau d’espaces voué à la promenade, articulé au cadre agro-naturel, peut également retisser des liens.
  • Un réseau de déplacements : envisagé comme un réseau, le dispositif d’articulation paysagère permet également de constituer une offre de déplacements doux, venant desservir les équipements, dans de bonnes conditions de sécurité et de cadre. Ainsi, le système est utile non seulement aux usages de détente et de promenade, mais aussi aux déplacements usuels, par exemple pour les jeunes qui apprécient de pouvoir se déplacer à vélo pour se rendre au stade, au collège, ou juste se promener.
  • Un réseau pour les eaux : calé sur les structures naturelles, le dispositif peut intégrer, outre les cours d’eau, les systèmes de gestion des eaux pluviales, les noues, les bassins de rétention, qui contribuent ainsi à la qualification de l’espace public.

Bloc-diagramme - Illustration de certains objectifs d’articulation entre les espaces urbains et le cadre agro-naturel.

Saint-Lunaire, document d’étude du développement urbain - Deux ZAC sont étudiées au sud de la ville, au contact de la campagne bocagère. Le plan ci-dessus expose les dispositifs d’articulation paysagère : les limites s’appuient sur un chemin rural existant dont les caractères sont renforcés, et une grande portion de bocage (correspondant à une zone humide) vient qualifier le centre de la ZAC, comme une « pénétrante de campagne ». Le réseau de haies bocagères, préservé dans la ZAC, est complété et contribue à la qualification des espaces publics. Il est complété également par le réseau des noues. Un système de chemins vient doubler le réseau des routes, offrant aux habitants des promenades et des déplacements leur donnant accès à la campagne et au bourg tout proches.

Saint-Lunaire - Le chemin rural devient un chemin de bord de ville. Dans le projet de la ZAC Clos-Loquen, ce chemin, laissé tel-quel, est destiné aux modes doux de déplacement. La limite ville-campagne devient un lieu public en soi, offert aux usages de promenade et de déplacements.

Chartres-de-Bretagne, études de faisabilité pour une extension urbaine au sud - L’étude d’extension de la ville repose pour beaucoup sur les modalités d’articulation et de « mise en scène » avec la Seiche, principale composante du socle naturel. Le projet combine les extensions urbaines avec le maintien et la valorisation d’espaces ouverts de prairies, liées à l’exploitation agricole en place. Le maillage bocager et celui des chemins, déjà très présents dans l’espace et dans les usages, est maintenu et complété.

Saint-Jacques-de-la-Lande, architectes-paysagistes, Atelier Bruel et Delmar - La vallée du Blosne est une pièce maîtresse du projet urbain. Dans un traitement sobre, où s’exprime le caractère naturel du site, elle est révélée aux habitants, formant un parc aisément accessible, articulé aux rues des quartiers environnants.

Parthenay-de-Bretagne, étude préalable à la modification du périmètre monument historique - La configuration spécifique conduit à identifier plusieurs axes de projet visant le paysage :
-    Une « traversée naturelle » (surfaces bleu/vert) accroche l’espace du bourg au ruisseau et au paysage agricole. L’église et la mairie (bleu) s’y font face au cœur du bourg
-    Les limites de l’enveloppe urbaine sur le cadre agro-naturel sont à fixer et à traiter (bordure verte)
-    Les espaces disponibles au sein de cette enveloppe offrent des perspectives de développement à optimiser (surfaces roses)
-    Un réseau de promenades peut être proposé aux habitants, bénéficiant de la traversée du ruisseau et des franges urbaines (réseau jaune)
-    Un axe principal peut occasionner des processus de densification ; au sud, il offre des vues sur le site (axe brun).

Parthenay-de-Bretagne - La belle église prend position au rebord de l’axe de paysages agro-naturel qui traverse le bourg, et ouvre sur les horizons du cadre rural.

Redon, carte d'enjeux paysagers - voir article, Dynamiques et enjeux de la Vallée de la Vilaine, de Langon à Redon-> Dynamiques, enjeux et pistes d'action : la Vallée de la Vilaine, de Langon à Redon | Atlas des paysages d'Ille-et-Vilaine
L’analyse du territoire est ici élaborée sur la base des relations des espaces urbanisés avec les composantes du site : les vallées, les coteaux, les plateaux cultivés, ainsi que sur le réseau possible des continuités naturelles et des déplacements doux.